Objectivation comportementale et neurophysiologique de la contagion émotionnelle en conditions naturelles musicales au sein d'un groupe.

The practice of music is a collective activity that offers multiple interactions, at different levels. It confers an advantageous framework for the study of inter-individual emotional interactions. The aim of our research was to measure, on the behavioural and neuro-physiological level, the occurrence of collective emotional phases, in an audience, during a natural situation of concert. This manuscript presents different concepts relative to inter-individual emotional communication, such as emotional contagion and emotional resonance, and then presents a state of the art about musical reward and musical chills. Then, it presents different methods for the measure of cerebral coupling, that are of interest to study objectively inter-individual interactions. First, through a feasibility study, we suggested that the natural conditions of the International Competition for Young Conductors of Besançon provide a suitable experimental ground for the study of the emotional dynamics of groups, with neurophysiological tools. Then, in order to prepare experiments for measuring emotional synchronisation in natural conditions, two laboratory studies were carried out. The first, suggests that musical pleasure and musical chills can be measured using high-definition electroencephalography (HD-EEG), particularly in the theta frequency band in the temporal, prefrontal and central areas. Since HD-EEG is difficult to export outside of the laboratory, the second study assessed and validated in the laboratory, the use of mobile wireless EEG headsets for the measure of musical pleasure in comparison with HD-EEG. Finally, the last stage of the project recorded the subjective emotional experience of 15 participants simultaneously and collected EEG data under natural conditions during the International Competition for Young Conductors. The neurophysiological measure of “emotional waves” (when a large majority of participants reported intense pleasure while listening to music) was not carried out, due to the low number of events. Finally, our data have shown that the musical chill is not a marker of the collective emotional effervescence. Although chills were declared simultaneously by several participants on several occasions, very few were declared during “emotional waves”. EEG data suggested that a contagion and/or an emotional resonance could occur between members of the audience. The coupling of brain activity between participants (TI & ThetaCo) was significantly stronger when participants reported emotions than when they did not feel any particular pleasure. Even more, the closer the participants, the more they reported similar emotions, and the more their brain activities were coupled when they reported intense emotions.La pratique de la musique est une activité collective qui offre une multitude d’interactions à différents niveaux. En particulier, elle permet l’étude des interactions émotionnelles inter individuelles. Le but de notre recherche était de mesurer la survenue d’évènements émotionnels collectifs dans un public, sur le plan comportemental et neuro-physiologique, lors d’une situation naturelle de concert. Ce manuscrit expose en premier lieu différents concepts relatifs à la transmission émotionnelle inter-individuelle, comme la contagion ou la résonance émotionnelle, ainsi qu’un état de l’art des différents travaux concernant le plaisir et le frisson musical. Il présente ensuite différentes méthodes de mesure du couplage cérébral, d’intérêt pour l’étude objective des interactions inter-individuelles. A travers une première étude de faisabilité, nous suggérons que les conditions naturelles du Concours International des Jeunes Chefs d’Orchestre de Besançon représentent un terrain d’expérimentation adapté à l’étude de la dynamique émotionnelle de groupes, à l’aide d’outils neurophysiologiques. Ensuite, afin de préparer la mise en place d’un paradigme de mesure de la synchronisation émotionnelle en conditions naturelles, deux études en laboratoire ont été réalisées. La première suggère que le plaisir et le frisson musical peuvent être mesurés à l’aide de l’électroencéphalographie (EEG) haute résolution, notamment dans la bande de fréquence theta sur les aires temporales, préfrontales et centrales. Puisque l’EEG haute résolution est difficile à exporter hors du laboratoire, la seconde étude a évalué et validé en laboratoire, l’utilisation de matériel d’EEG mobile pour la mesure du plaisir musical en conditions naturelles, en le comparant à l’EEG haute résolution. Enfin, la dernière étape du projet a permis d’enregistrer le ressenti émotionnel subjectif d’une quinzaine de participants simultanément et de recueillir des données EEG en conditions naturelles, lors du Concours International des Jeunes Chefs d’Orchestre. La mesure neurophysiologique de ”vagues d’émotions”, lorsqu’une majorité de participants ressent un plaisir intense simultanément, n’a pas pu être réalisée du fait du faible nombre d’évènements enregistrés. Nos mesures ont montré que le frisson musical n’est pas un marqueur de l’effervescence émotionnelle collective. Bien que des frissons aient été déclarés simultanément par plusieurs participants à plusieurs reprises, très peu ont été déclarés durant des vagues émotionnelles. Nos données EEG suggèrent qu’une forme de contagion et/ou de résonance émotionnelle pourrait survenir entre les membres du public. Le couplage de l’activité cérébrale entre les participants (TI & ThetaCo) était significativement plus fort lorsque les participants reportaient des émotions, que lorsqu’ils ne ressentaient pas de plaisir particulier. Plus encore, plus les participants étaient proches physiquement, plus ils ont reporté des émotions similaires, et plus leurs activités cérébrales étaient couplées (manière générale et dans la bande de fréquence theta), lorsqu’il reportaient des émotions intenses