Quand les enfants parlent philosophie: étude linguistique: Comment écouter ce qu'il y a à entendre

International audienceCe travail s’inscrit dans le cadre de plusieurs collaborations pluridisciplinaires enrichissantes et fructueuses. En juin 2014 la ville de Clermont-Ferrand accueillait un colloque intitulé : « Les discussions philosophiques de 5 à 18 ans en milieu scolaire : quels regards des sciences humaines et sociales », (MSH et ESPE Clermont-Auvergne : http://philosez.sciencesconf.org/). Cette manifestation scientifique réunissait près de 80 chercheurs de France et de l'étranger (Suisse, Canada, Belgique). Elle avait pour objectif de cerner l’impact qu’aurait une réelle prise en considération des dispositifs visant la réflexivité pour accompagner la refondation d’une école républicaine. Les axes d'analyse pouvaient être liés à l’apprentissage (activité de l’élève, développement du langage oral et de la pensée) ou à l’exploitation de corpus (analyse de corpus oral et multimodal de type développemental).Plusieurs chercheurs travaillant dans des champs disciplinaires différents (philosophie, sciences du langage, psychologie, sciences de l’éducation) ont montré la nécessite de mener un travail qui fasse collaborer les différentes méthodologies de recherche par l'analyse croisée de ces discussions. Au centre de cette rencontre, un corpus : le corpus Philosophèmes dans lequel des élèves parlent de philosophie avec leur enseignant(e).Une présentation de ce corpus dans le cadre du colloque semble judicieuse pour poursuivre ce type d’échanges pluridisciplinaire et pour illustrer quelques préoccupations soumises à discussion dans le préambule, comme « le rôle de l’école pour apprendre aux enfants ce qu’est le monde (…) » ; « L’autorité (…) incompatible avec la persuasion qui présuppose l’égalité et opère par un processus d’argumentation » ; la question du transmettre le vivre ensemble « dans une réalisation commune ».Il s'agit de parler de ce corpus avec le regard du linguiste pour dire que, si auparavant des études plus ciblées avaient mis en exergue certains facteurs liés à l’impact positif des DVP (Discussions à Visée Philosophiques) sur le développement social et cognitif des élèves, il y a encore moyen d’enrichir la vision que l’on peut avoir de ces paroles en mettant l’accent sur ce qui pourrait paraître évident, mais ne l’est pas. S’il est démontré que les DVP élèvent les enfants au raisonnement, à l’argumentation et qu’elles développent leur faculté de penser, peu d’études ont porté sur l’objet langue qui véhicule cette pensée.Or, les aspects syntaxiques montrent par exemple en quoi l’usage de la langue orale en DVP participe de manière originale à l’articulation langage-pensée et de quelle manière cette articulation procède chez ces enfants ainsi élevés à la discussion d’idées.Ce travail :1)présenter le corpus Philosophèmes en tant qu’objet d’étude dans ce qu’il a d’ordinaire et d’original à la fois. 2)fait une analyse de la langue dans une perspective linguistique -et plus particulièrement syntaxique- en décrivant des passages choisis pour ce qu’ils ont de précieux à découvrir dans la réalisation orale