Dérive sectaire et radicalisation djihadiste : psychopathologies individuelle et collective/quelle place pour la psychiatrie ?

Médecine (psychiatrie)Résumé : même si les processus d’adhésion aux sectes et l’embrigadement djihadiste sont décrits comme des processus différents, ils présentent de nombreux points de similitude. Ainsi, les sujets présentent fréquemment des vulnérabilités psychiques antérieures (troubles de la personnalité, fragilités dépressives et narcissiques, quête identitaire, particularités dans le fonctionnement familial…) et leur embrigadement survient à un moment de fragilité existentielle, notamment l’adolescence. Dès lors, dans les deux situations, des mécanismes d’embrigadement comme l’emprise mentale ou la socialisation radicale sont mis en place par les recruteurs dans le but de favoriser la rupture avec l’environnement initial, d’instaurer une paranoïa fonctionnelle du groupe et une perte de l’esprit critique. Néanmoins, ces deux mouvements diffèrent dans leur finalité puisque l’objectif de l’adhésion à l’idéologie radicale est de mener à la violence, par des mécanismes de chosification de l’impur, alors que c’est rarement le cas dans les sectes. Certaines connaissances apportées par les spécialistes des mouvements sectaires peuvent enrichir celles concernant la radicalisation, notamment sur le plan de la prise en charge. Néanmoins, les connaissances sur les vulnérabilités individuelles et familiales présentées par les jeunes radicalisés mériteraient d’être approfondies. En ce sens, nous proposons un protocole d’évaluation clinique avec la passation de différentes échelles d’évaluation clinique concernant la dépression, la suicidalité, les éléments traumatiques, la régulation émotionnelle et cognitive, ainsi que la dynamique familiale. Nous espérons que les futures données permettront un accompagnement plus adapté, tant sur le plan individuel, que familial. Plus généralement, une prise en charge pluridisciplinaire en fonction des besoins de chaque individu est essentielle (éducative, juridique, sociale, psychiatrique…). Le rôle du psychiatre est de repérer d’éventuels troubles psychiatriques, de proposer une thérapie adaptée, et d’orienter le sujet vers des professionnels en fonction de ses besoins