Effondrement : Risques et réalités

Anthropologue ayant eu pour objet de recherche les catastrophes, appelées communément naturelles, dans des contrées lointaines, je suis embarquée, à l’instar de mes compatriotes et collègues, dans la pandémie. Je ne suis plus celle qui observe sur le terrain avec la distanciation de mes va-et-vient. J’observe, je m’observe, je nous observe… Mais aussi, je suis observée, nous sommes observés… De retour de mes terrains, j’enquêtais régulièrement auprès d’amis informateurs vivant en Amérique centrale ou en Asie du Sud-est afin de m’(r)assurer de leur état après le passage d’un cyclone, l’éruption d’un volcan ou encore une période de sécheresse. En ce printemps 2020, les prises de contact inquiètes se sont inversées, pour devenir ensuite des préoccupations réciproques. Nous sommes pris dans un événement planétaire. Le confinement dans nos espaces domestiques prend pour certain.e.s la tournure d’une banale quotidienneté et, pourtant, il marque une fracture avec l’ordre social du monde