The Beginnings of the Epistolary Novel in 17th-Century France

Lorsqu’il est aujourd’hui question du roman épistolaire français, les Lettres persanes de Montesquieu, La Nouvelle Héloïse de Jean- Jacques Rousseau et Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos, oeuvres parues au siècle des Lumières, s’imposent systématiquement dans l’esprit des lecteurs comme dans le champ des études littéraires. Lorsque le roman par lettres du XVII e siècle est évoqué, il l’est au détour d’une analyse diachronique retraçant l’évolution du genre et se réduit bien souvent aux Lettres portugaises attribuées à la fin du XX e siècle à Gabriel de Guilleragues. C’est laisser dans l’ombre un corpus riche et multiforme de textes précurseurs ayant, pour certains, rencontré un grand succès au moment de leur parution et inspiré les auteurs des siècles suivants. En prenant appui sur la Nouvelle Bibliographie du roman épistolaire en France d’Anne-Marie Clin-Lalande et Yves Giraud, notre travail se propose non seulement d’éclairer ces ouvrages méconnus et/ou oubliés, mais également de questionner les raisons de cette occultation. Le regard que nous posons sur ces textes et la manière dont nous les évaluons sont en effet orientés, modulés à l’aune d’un devenir qui ne permet pas de rendre compte de la diversité d’un objet finalement malaisé à circonscrire, en particulier au moment où il émerge dans la littérature française du Grand Siècle.Montesquieu’s Lettres persanes, Jean-Jacques Rousseau’s Nouvelle Héloïse and Pierre Choderlos de Laclos’s Liaisons dangereuses, all published in the 18th century, are nowadays the most read and studied French epistolary novels. Those published in the 17th century, when mentioned, sometimes appear in diachronic analyses focusing on the evolution of the genre but often come down to the Lettres portugaises, attributed three centuries later to Gabriel de Guilleragues. Such approaches overlook a rich and multiform set of precursory texts which were, for some of them, hits when they were first published, and inspired many authors during the following centuries. Our work, based on Anne-Marie Clin- Lalande and Yves Giraud’s Nouvelle Bibliographie du roman épistolaire en France, aims to enlighten these little-known and/or forgotten texts and the reasons why they were occulted. Indeed, the way we consider and judge them is biased, shaped from a future that fails to provide an accurate and truthful depiction of an object whose definition remains difficult – especially at its beginnings in French 17th-century literature