Écrire à la convergence des arts : itinéraires de Jean-Philippe Toussaint

Dans un geste qui, selon l’habitude de Jean-Philippe Toussaint, bouleverse la préconception traditionnelle de la narration (linéaire et menée à terme), l’écrivain refuse à ses textes leur finitude et, ce faisant, remet en question la notion de fin. De façon emblématique, Made in China, ce making of fictionnalisé des courts-métrages adaptés de plusieurs volets de M. M. M. M. [2017], permet de prolonger sur un autre niveau fictionnel et les films en question, et les textes dont ils sont tirés. Plus avant, cet essai romancé se clôt sur une invitation à prolonger le texte sur un autre médium, par l’intermédiaire d’un lien URL menant à une vidéo logée sur la plateforme YouTube. Pareille démarche confirme l’ambition transfictionnelle (cf. R. SAINT-GELAIS, 2011) de Toussaint ; ambition qui, par sa définition-même, repousse les limites de la représentation, ainsi que la finitude de la fiction, notamment par l’inscription du personnage Jean-Philippe Toussaint dans un espace à la convergence de la fiction et de la réalité, ce qui le place constamment en décalage de ces deux registres. Plus avant, inscrit Toussaint dans un imaginaire proprement belge, irrigué par une constante qui tient du lieu commun : celui du parentage entre littérature belge et arts de l’image. L’écrivain liégeois dissémine dans ses textes pléthore de tableaux, peintures, photographies et les exporte ensuite dans les adaptations filmiques de ses récits. Le rôle qu’il confère à la narration relève ainsi aussi bien de la transmission, de la transposition et de la mutation, de la transformation