Entre critique des institutions et perspectives d’empowerment : L’usage des groupes facebook en non-mixité trans comme outil intra-communautaire

International audienceCette présentation se centre sur l’entraide intra-communautaire en ligne et vise à montrer comment les réseaux sociaux numériques équipent les personnes trans leur offrant ainsi des perspectives critiques et d’empowerment face aux institutions. Bien que de nombreux travaux aient souligné l’importance des espaces en ligne dans la circulation du soutien social, peu se sont intéressés aux espaces pensés par et pour les personnes trans. Les contributions du champ des études trans ont souligné les avantages des médias sociaux pour la communauté trans (Califia, 2003 ; Stryker, 2006, 2013 ; Raun, 2016 ; Dame-Griff, 2013). Je propose de prolonger ces travaux en étudiant de plus près les expressions de solidarité sociale qui circulent sur les groupes Facebook trans francophones. Cette recherche s’appuie sur une ethnographie en ligne des principaux groupes Facebook trans francophones (N = 11) réalisée entre septembre 2017 et septembre 2020. L’introduction de la communication présente dans une perspective socio historique la croissance progressive des pratiques d’entraide t4t sur internet. Les résultats sont ensuite divisés en deux sections. La première se concentre sur l’échange de soutien informationnel, à travers la création de réseaux de soignant·e·s safe et le partage de connaissances expertes. La seconde analyse le soutien émotionnel apporté entre les membres suite à des actes de discrimination vécus au sein de la famille et des institutions médicales. Cette recherche illustre la manière dont ces espaces sont pensés en réponse à la psychiatrisation des identités trans, à leur gestion par les institutions médicales et aux discriminations qui en découlent. Ces espaces peuvent être compris comme libérateurs (Haraway, 1991) en raison des ressources importantes qui y circulent, mais aussi en raison du potentiel d’alternatives et d’autonomisation qu’ils offrent à leurs utilisateur·ice·s face au bouclier thérapeutique (Espineira, 2011). Cette communication montre finalement comment ces espaces participent à la construction d’une éthique du care trans (Marvin, 2018 ; Malatino, 2019). Cette dernière implique de nombreuses sous-pratiques : création d’outils d’empowerment, écoute active, acquisition de savoir experts, etc. Par ces dernières, les personnes trans défient les institutions, elles expérimentent des stratégies et des formes de résistance qui favorisent leur autonomisation (Hilário, 2017)