La notion de traumatisme dans les situations extrêmes : Étude sur une population d’adultes chiliens objet de crimes contre l’humanité, d’actes de barbarie et de maltraitances diverses pendant la dictature militaire chilienne (1973-1989)

This paper focuses on psychological trauma in the context of the state violence carried out by the military dictatorship in Chile (1973-1989). It studies nine cases where individuals were exposed to extreme situations:torture, incarceration, the disappearance of a loved one, exile, or all of the above together.The paper uses the psychoanalytical model as a frame of reference in order to understand and explore more deeply the question of trauma in the treatment of exposure to extreme situations. V/e performed a detailed analysis of the psychological functioning of each participant in the study by meansof an interview and projective tests (Rorschach and TAT).The main motivation for this research project was the denunciation of human rights violations during themilitary dictatorship. We have shown the psycho(patho)logical repercussions of these rights violations committed by humans against fellow humans, which are a clear example of the "extreme situations" studied inthe field of clinical psychopathology. Trauma is examined using a "pluralistic" approach, varying according tosubject age and to whether the trauma originated in the private or collective sphere. In this paper, we refer to collective trauma, where individual experience is tied to collective experience. However, unlike trauma resultingfrom natural disasters, accidents or attacks, where solidarity is employed to help those affected, trauma arisesin a dictatorship in a context where people are isolated and stigmatised, with the state using significant resourcesto separate part of the population from the wider community. Fr.rrthermore, in all traumatic situations, individualdifferences and individual potential fbr psychological readjustment lead to different results. Hence the importance of carrying out a detailed analysis of the population under study in order to avoid simplistic causalinferences (cause - effects) and take into account psychological complexity.Ce travail se centre sur le traumatisme psychique dans le cadre de la violence d'Etat exercée par la dictature au Chili (1973-1989). Il s'agit d'une étude de neuf cas ayant été exposés à des situations extrêmes : la torture, la prison, la disparition d'un proche, l'exil, voire toutes ces situations traumatiques à la fois. Ce travail prend comme cadre de référence le modèle psychanalytique afin de comprendre et d'approfondir la question du traumatisme dans la clinique de l'extrême. Nous avons pu effectuer une analyse fine des fonctionnements psychiques des cas présentés, examinés par le biais d'un entretien et de tests projectifs (Rorschach et TAT).La motivation principale de cette recherche réside dans la dénonciation des violations aux Droits de l'Homme pendant la dictature militaire. Nous avons montré les répercussions psycho(patho)logiques de ces violations, commises par des humains sur d'autres humains, des semblables, paradigme des « situations extrêmes » étudiées dans le champ de la psychopathologie clinique. Le traumatisme est développé dans un abord« pluriel », variant selon l'âge des sujets et en fonction de sa mise en oeuvre dans la sphère privée ou dans la sphère collective. Dans ce travail, nous faisons référence aux traumatismes collectifs, où l'histoire individuelle est articulée avec l'histoire collective. Cependant, contrairement aux traumatismes découlant de catastrophes naturelles, accidents ou attentats, où la solidarité se déploie pour venir en aide aux personnes affectées, les traumatismes dans le cadre d'une dictature naissent dans un contexte où les personnes sont isolées et stigmatisées, l'État utilisant des ressources importantes pour qu'une partie de la population soit déliée de la communauté humaine. Dans toutes les situations traumatiques, les différences entre les individus et les possibilités individuelles de faire des remaniements psychiques nous mènent aussi à des conclusions différentes. D'où l'importance d'effectuer une analyse fine de la population étudiée, pour éviter une dynamique causaliste simpliste (cause - effets) et faire droit à la complexité psychique