Ecología y ocupación del espacio en los Andes tropicales durante los últimos veinte milenios

Les Andes tropicales sont constituées par un ensemble de facettes écologiques dont le nombre est fonction du volume montagneux, du régime thermique a la base, de la diversité des modelés, du stock floristique, des effets de façade et d'abri, des modalités d'utilisation de l'espace. L'utilisation de ces facettes par les sociétés d'abord non agricoles, ensuite agricoles, a été très différente. Dans cette zone climatique les changements du climat au cours du Quaternaire ont moins affecté le milieu qu'aux latitudes moyennes, à l'exception des côtes touchées par les variations eustatiques. Aussi, une remarque importante est la constance de l'habitat au cours des 20 derniers millénaires, variant cependant en fonction des diverses facettes écologiques dont le comportement était différent suivant les modifications climatiques. Les glaciations dans les Andes sont relativement synchrones de celles des montagnes des latitudes moyennes, au moins pour le Quaternaire récent ; elles seraient dues à une meilleure distribution des précipitations au cours de l'année, à une nébulosité plus constante et à un abaissement des températures compris entre 5 et 9°. Les avancées glaciaires entre 20000 et 16000 et 14000 et 10000 ans BP ont eu des conséquences diverses suivant les milieux humides ou secs et les effets de dominance (en général glace au-dessus de 4000 m mais, jusque vers 2900 m en Colombie et seulement 4800 m dans les Andes sèches). Des processus périglaciaires se développent sur 1000-1500 m en contrebas dans les Andes sèches alors qu'ils n'affectent qu'une marge très étroite dans les Andes humides (500 m). L'englacement n’a jamais constitué une coupure dans la circulation N-S dans les Andes. Si la haute montagne entre 5 et 10° S était difficilement franchissable, les vallées et bassins intra-andins situés entre 1500 et 3400 m étaient tièdes, avec une humidité mieux répartie durant l'année, moins secs qu'actuellement, donc favorables aux chasseurs et récolteurs. Pendant les régressions le réchauffement se fait avec le rétablissement du rythme saisonnier des précipitations, et les hautes surfaces se couvrent d'une végétation favorable au développement d'une faune de guanacos et de cervidés ; par contre la sécheresse affecte les bassins intérieurs. Les données archéologiques les plus anciennes concernent le bassin d'Ayacucho qui représente un bon exemple de la diversité andine : 500 sites archéologiques couvrent une séquence d’occupation humaine de près de 20000 ans et les niveaux les plus anciens seraient parmi les plus vieux en Amérique latine. Entre 23000 et 14000 ans BP on peut observer une variation du climat vers l'humide avec extension de la couverture forestiers et multiplication des grands mammifères (avancée glaciaire du Würm III) ; ensuite intervient un dessèchement suivi par une nouvelle poussée humide entre 14000 et 11000 ans BP (phase Ayacucho de Mac Neish équivalente au Tardiglaciaire), caractérisée par l’importance de la chasse. A partir de 5500 B.P on voit apparaitre les indices d'une domestication d'espèces végétales et animales (quinoa, haricot, lama, cobaye). Sur les versants montagnards couverts de foret, les données archéologiques font malheureusement encore défaut, le milieu étant peu favorable à la conservation. La côte désertique pacifique offre par contre un grand intérêt. Durant les crues glaciaires, le désert est chaud et ensoleillé mais reçoit de violentes averses épisodiques, alors que le courant côtier froid est ralenti ; la faune marine est moins abondante que pendant les périodes interglaciaires, d'où des conditions de vie médiocres pour les groupes humains. On retrouve cependant des traces de vie au N de Lima entre 12000 et 10000 ans BP, contemporaines semble-t-il d'un boisement important des vallées alors que la côte était désertique (groupes de chasseurs). Lors des interglaciaires, la côte baigne dans les brouillards tièdes correspondant à la saison sèche de la sierra (forte subsidence de l'anticyclone pacifique, inversion thermique à basse altitude et réactivation du courant froid). Elle est aussi affectée par la transgression lente liée à la fusion des inlandsis qui se fait à un rythme très différent (millénaire) de celui de la fusion des glaciers de montagne (séculaire) : les bruines (garuas) alimentent la végétation des "lomas" et une vie intense se développe le long du littoral. Plusieurs sites correspondant au début du post-Glaciaire (optimum climatique des latitudes moyennes) jalonnent la côte et les "lomas". On peut penser que les chasseurs et récolteurs de cette époque se déplaçaient saicomplémentaires. Cette utilisation pouvait varier en fonction également de fluctuations courtes — par exemple éloignement momentané du courant froid côtier — alors que les milieux forestiers sont beaucoup plus stables. Les bassins intra-andins bien protégés semblent avoir été les berceaux de l'agriculture andine, alors que la côte, avec les "lomas" et surtout les vallées tièdes aux faibles amplitudes thermiques a été celui de la maîtrise de l'eau (environ 2000 ans BP). La culture du maïs apparait sur la côte entre 1500 et 1200 B.P, soit 2000 ans plus tard que dans les Andes, et va orienter la côte définitivement vers l'agriculture, favorisant ainsi la constitution d'unités politiques et le développement urbain. Cette fixation humaine était cependant restée assez souple pour que chaque imité politique conserve des territoires mis en valeur aux différents paliers écologiques, utilisant ainsi au maximum les facettes écologiques andines (verticalité) (Résumé de P. Usselmann).Dollfus Olivier, Lavallée Danièle. Ecología y ocupación del espacio en los Andes tropicales durante los últimos veinte milenios. In: Bulletin de l'Institut Français d'Études Andines, tome 2, N°3, 1973. pp. 75-92