Sur l'origine de la dénomination « Siam »

Research on the origin and the uses of ethnic names is essentially a multidisciplinary activity where historical linguistics holds the principal role. It is shown that the family of the terms, Siam, Chan, Ahom (and Assam), comes by truncation from kosambi> (ko)sam(bï), the name of prestige of the first Shan States, borrowed from the geography of India (Kausambï is the name of a town where the Buddha preached). In the earliest epigraphic occurrences, one also notes the use— at the same time— of a qualifier resulting from the Sanskrit word syama : "black, brown complexion (as a mark of beauty)." The adaptation of this etymon to the host languages (Khmer, Burmese and Thai) results in a homography with the ethnic name resulting from (ko)sam(bï). Former attempts to explain the origin of the word "Siam" neglected the positive connotation of the terms resulting from syama. It was even supposed that it owed its origin to the dark complexion of the autochtons having preceded the Thai. Such rather "rushed" interpretations should remind us that utmost cautiousness should be the rule when attempting to identify the origin of ethnic names.Les recherches sur l'origine et les usages des ethnonymes sont une activité de nature pluridisciplinaire où la linguistique historique tient le rôle principal. On démontre que la famille des termes, Siam, Chan, Ahom (et Assam), est issue par troncation de kosambi (ko)sam(bï), nom de prestige des premiers États chan, emprunté à la géographie de l'Inde (Kausâmbï, lieu de prêche du Bouddha). Dès les plus anciennes attestations épigraphiques, on constate l'usage parallèle d'un qualificatif issu du sanskrit syama « noir, brun de teint (comme marque de beauté) ». L'adaptation de cet étymon aux langues porteuses, khmer, birman ou thaï, conduit à une homographie avec l'ethnonyme issu de (ko)sam(bï). Les essais d'explication antérieurs ont négligé la connotation valorisante des termes issus de syama. Il a même été supposé que le terme « Siam » tirait son origine de la complexion foncée des autochtones ayant précédé les Thaï. Ces interprétations hâtives montrent que les recherches sur l'origine des ethnonymes doivent être menées avec prudence.Ferlus Michel. Sur l'origine de la dénomination « Siam ». In: Aséanie 18, 2006. pp. 107-117