L’écrit comme œuvre : un point de vue littéraire sur la « dématérialisation de l’art » chez les artistes conceptuels

Published in the same year as Michel Butor ’s Les mots dans la peinture, the article «Art After Philosophy » byjoseph Kosuth promulgated a new genre of language use in art : language as art. While literature devotes itself to creating texts as works of art, conceptual artists, when they use language instead of traditional materials, produce art that more closely resemble literary works. Consequently, by adopting a literary perspective on these conceptual works, one can begin to reevaluate particular approaches that have been used by art critics and art historians. In particular, the thesis of the dematerialization of art, once defended by American criticism, only partially resists a literary approach, since language based works of conceptual art are singularly material. Conversely, conceptual art’s use of language similarly prompts literature to recognize the nature of its materiality.L’année où paraît l’ouvrage de Michel Butor, Les mots dans la peinture, Joseph Kosuth publie «Art After Philosophy », qui aborde un nouveau genre d’usage du langage dans l’art : l’écrit comme œuvre. Substituer le langage aux matériaux traditionnels de l’œuvre apparente les travaux des conceptuels au champ littéraire, dont la vocation est d’ériger le texte en œuvre. Un regard littéraire sur ces travaux amène ainsi à réévaluer certaines des approches de la critique d’art et de l’histoire de l’art. En particulier, la thèse d’une dématérialisation de l’art, défendue un temps par la critique américaine, ne résiste que partiellement à une approche littéraire, selon laquelle les œuvres langagières des conceptuels apparaissent au contraire comme singulièrement matérielles. En retour, ces usages du langage rappellent à la littérature la nature de son matériau.Bel Auriane. L’écrit comme œuvre : un point de vue littéraire sur la « dématérialisation de l’art » chez les artistes conceptuels. In: Histoire de l'art, N°71, 2012. L’écrit dans l’oeuvre. pp. 117-124