Des « arts méconnus » aux « arts premiers » : inclusions et exclusions en anthropologie et en histoire de l’art

From “arts méconnus” to “arts premiers” : Processes of Inclusion and Exclusion in Anthropology and Art History In 1881, three years after the foundation of the musée d’Ethnographie du Trocadéro, Emile Soldi published one of the first major books on non-Western art under the title Les Arts méconnus (unrecognized art forms). Today, with the opening of the pavillon des Sessions at the Louvre and the inauguration of the musée du quai Branly, the term “arts premiers” - roughly translatable as “primordial arts or early art” - is widely spread in France. Over the course of a century non-Western objects have been successively labeled in France “ethnographic objects”, “arts méconnus”, “arts lointains” (artifacts from distant lands), “primitive art” and, finally, “arts premiers”. This constant process of renaming and redefining non-Western objects informs us about changes in anthropological approaches since the second half of the nineteenth century as it does about the extension of the Western notion of art to non-Western objects. At the same time, non-Western objects are submitted to the same canonical criteria that art historians apply to Western art, and the notion of art has increasingly been equated with the material dimension.En 1881, Emile Soldi publie Les Arts méconnus, trois ans après la fondation du musée d’Ethnographie du Trocadéro. A la fin du XXe siècle, le terme « arts premiers » a pris de l’ampleur avec l’ouverture du pavillon des Sessions (musée du Louvre) et l’inauguration du musée du quai Branly. En l’espace d’un siècle, les objets non occidentaux ont été qualifiés successivement d’« objets ethnographiques », d’« arts méconnus », d’« arts lointains », d’« art primitif » et d’« arts premiers ». Ce processus de définition et de redéfinition des objets non occidentaux atteste autant du changement de perspectives théoriques que la discipline anthropologique a connu depuis la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à nos jours, que de l’élargissement de la notion d’art aux objets non occidentaux. Parallèlement, ce processus a conduit à l’alignement des objets non occidentaux sur des critères de beauté régissant les « objets d’art » en Occident et à réduire le champ de l’art à la production matérielle.Dias Nélia. Des « arts méconnus » aux « arts premiers » : inclusions et exclusions en anthropologie et en histoire de l’art. In: Histoire de l'art, N°60, 2007. Histoire de l’Art et anthropologie. pp. 7-15