Marie de Montpellier (vers 1180-1213) ou la détérioration de la condition féminine

Though she was contemporary with Isabelle d'Angoulême, Marie de Montpellier, queen of Aragon, was not bestowed the same prestigious destiny ; on the contrary, she was obviously used as a means to achieve the matrimonial and patrimonial ambitions of her family. Her mother, Eudocie Comnène, was repudiated by her father Guilhem VII de Montpellier who endeavoured to disinherit her for the benefit of her stepbrother. Still very young, Marie was married to Barral de Marseille, then to Bernard IV de Comminges, by her father who eventually forced her to renounce her rights to his succession. Pierre II, king of Aragon, married her in 1204 and stirred up a rebellion which enabled him to gain immediate control and reign over the seigneury of Montpellier at the expense of Marie. After a few years of common life, during which he extorted considerable amounts of money from the inhabitants of Montpellier, he tried to persuade Pope Innocent III to annul his wedding. However, some time before she died, Marie won her trial in Roma where she had gone and she was able then, to hand over her property to her son Jacques 1er. She did become famous for the document she wrote in 1205 in which she revealed and condemned the coercion her husband used to force her to renounce her rights over her seigneury of Montpellier. It is plain that her impoverished status cuts a sharp contrast with the lives of most southern ladies in the end of the XIIth century.Her mother's remote origins, her marriage with the king of Aragon, far above her rank, the roman law spreading all over the country, give us a few hints to understand a situation which, at any rate, remained rather exceptional in those times.Contemporaine d’Isabelle d’Angoulême, Marie de Montpellier, reine d’Aragon, n’a pas connu la même destinée prestigieuse, mais elle a été l’instrument des stratégies matrimoniales et patrimoniales des siens. Sa mère Eudocie Comnène est répudiée par son père Guilhem VIII de Montpellier, qui cherche à la déshériter au profit de son demi-frère. Guilhem VIII la donne, très jeune, en mariage à Barrai de Marseille, puis à Bernard IV de Comminges, et lui arrache sa renonciation à lui succéder. Pierre II, roi d’Aragon, l’épouse en 1204 et fomente une révolte qui le met à la tête de Montpellier, dont il accapare aussitôt la seigneurie à son détriment. Après quelques années de vie commune, qui lui ont permis d’extorquer des sommes considérables aux habitants de Montpellier, il tente d’obtenir l’annulation de son mariage par Innocent III. Peu avant sa mort, Marie gagne cependant ce procès à Rome, où elle s’est déplacée, et peut transmettre son domaine à son fils Jacques 1er. Elle s’est rendue justement célèbre par un document où, en 1205, elle condamne la coercition avec laquelle son mari lui a imposé de renoncer à ses droits sur Montpellier. Son statut détérioré contraste avec le sort de la plupart des femmes méridionales de la fin du XIIe siècle. Les origines lointaines de sa mère, son mariage avec le roi d’Aragon, bien au-dessus de son rang, et la diffusion du droit romain fournissent quelques éléments d’explication sur un cas, somme toute, assez exceptionnel pour son temps.Aurell Martin. Marie de Montpellier (vers 1180-1213) ou la détérioration de la condition féminine. In: Isabelle d’Angoulême, comtesse-reine et son temps (1186-1246) [Actes du colloque tenu à Lusignan, 8 au 10 novembre 1996] Poitiers : Centre d'études supérieures de civilisation médiévale, 1999. pp. 81-95. (Civilisation Médiévale, 5