Les mouvements antimondialisation dans le processus de légitimation de l'exception culturelle française

1) Colloque international organisé par le GERMM avec le soutien du CNRS, du CEVIPOF, du CREDEP, du CRPS, du CURAPP et de la Fondation de France. * Responsables scientifiques : Eric Agrikoliansky, Olivier Fillieule, Nonna Mayer.2) A l'occasion de ce colloque de l'Association française de science politique(3-5 décembre 2003) et après la tenue du Forum social européen de St Denis (12-15 novembre 2003), la Bibliothèque de Sciences-Po a proposé une sélection de documents (Bibliographie élaborée par Sylvie Postel-Vinay et Jean-Claude Mouret, Novembre 2003) : https://www.sciencespo.fr/bibliotheque/fr/rechercher/dossiers-documentaires/altermondialistesInternational audienceLe terrain des politiques culturelles conduit tout chercheur à devoir un jour s'intéresser aux groupes sociaux ayant investi les domaines à fort pouvoir symbolique que sont la culture et le cinéma. L'année 2003 a montré que ces groupes peuvent avoir des visages très divers à l'image du mouvement des intermittents. Parmi ces derniers, les mouvements altermondialistes liés à la défense de la culture ont investi, depuis les accords sur le GATT (1992) et de l'AMI (1998), le cinéma comme terrain emblématique de l'action collective en faveur de l'exception culturelle. A la croisée de la sociologie des mouvements sociaux et de l'analyse des politiques publiques, cette communication revient sur les contours sémantiques de l'acception " exception culturelle " en détaillant les principaux modes d'action des mouvements altermondialistes, les registres de justification, et en posant le question des impensés de l'action collective. L'héritage symbolique de la notion d'indépendance artistique, avec les limites qu'elle peut parfois revêtir en France face à une institution cinématographique ayant fait de l'interventionnisme le pilier de son action (indépendance par rapport à qui et à quoi ?, comme le souligne Laurent Creton) soulève un certain nombre de questions auxquelles notre contribution au colloque de l'AFSP (Association Française de Science Politique) s'efforce de répondre. Quelle est la "philosophie de l'action" des mouvements antimondialisation en matière de défense du cinéma? De quel type de cinéma est-il, au juste, question dans les discours des acteurs ? Quels sont les stratégies déployées afin d'inciter l'Etat à infléchir une ou des politiques sectorielles pour la sauvegarde de la culture cinématographique ? Quels sont, enfin, les principaux bénéficiaires de l'action collective ? Cette intervention se clôt en analysant les trajectoires sociales des principales figures de la défense de l'exception culturelle française appartiennent à la catégorie des producteurs de films. On observe assez symptomatiquement, pour cette catégorie d'acteurs, qu'une valorisation économique de l'engagement peut faire jour dès lors que le discours antimondialiste sur le cinéma prend la forme d'une pratique routinière dans une stratégie de capitalisation symbolique d'un pouvoir économique acquis hors du terrain militant