Renewal and Functions of the Dialogue in the Works of XIXth and XXth Centuries European Conversationalists : Landor, Leopardi, Claudel, Valéry

Cette thèse porte sur le renouveau et les fonctions du dialogue en tant que forme littéraire en Europe du début du xixe siècle à la première moitié du xxe siècle, envisagé sur son mode conversationnel. Elle s’appuie plus précisément sur l’étude des Imaginary Conversations (1824-1861) de Walter Savage Landor, des Operette morali (1826-1835) de Giacomo Leopardi, des Conversations dans le Loir-et-Cher ainsi que d’autres dialogues (1926-1955) de Paul Claudel, et de plusieurs dialogues de Paul Valéry, principalement Eupalinos, L’Âme et la Danse et L’Idée fixe (1921-1943). En rapprochant ces œuvres d’une grande variété, il s’agit de déceler la manière dont se manifeste en leur sein une parole multiforme qui, loin des artifices rhétoriques, renouvelle profondément la tradition antique du dialogue philosophique et l’art classique de la conversation. Landor, Leopardi, Claudel et Valéry font du dialogue conversationnel le lieu d’une parole libre, digressive et palinodique, qui s’inscrit dans l’esthétique d’un désordre ordonné des mots et de la pensée. L’espace dialogique, transcendant les temps, rend possible l’avènement d’une parole médiatrice apte à négocier entre le sensible et l’intelligible, en saisissant la modernité historique d’un point de vue linguistique. La conversation devient l’ultime moyen d’accéder à une connaissance de soi par le biais de l’autre, envisagé comme un double de soi-même. Les pointes du langage perçant de multiples failles dans le tissu du discours, la prose dialogique recueille alors l’épiphanie d’une poésie conversationnelle, consubstantielle à la pratique démocratique du langage.This thesis studies the renewal and the functions of the conversational dialogue as a literary form in Europe, from the beginning of the xixth century to the first half of the xxth century. More specifically, it studies Walter Savage Landor’s Imaginary Conversations (1824-1861), Giacomo Leopardi’s Operette morali (1826-1835), Paul Claudel’s Conversations dans le Loir-et-Cher and other dialogues (1926-1955), and Paul Valéry’s dialogues, mainly Eupalinos, L’Âme et la Danse and L’Idée fixe (1921-1943). By bringing together these varied works, we seek to identify how they are made up of many-sided forms of speech. Far from being mere rhetorical devices, these speeches deeply renew the antique tradition of philosophical dialogue and the classical art of conversation. Landor, Leopardi, Claudel and Valéry put in the conversational dialogue a free, digressive and palinodic speech, whose aesthetics is one of an ordered disorder of words and thoughts. The dialogic space, transcending time, makes possible the advent of a mediating speech which is able to negotiate between the perceptible and the intelligible, by seizing the historical modernity from a linguistic point of view. Conversation becomes the final means to reach self-knowledge through the other as oneself’s double. The points of the language piercing numerous gaps in the fabric of the speech, the dialogic prose then collects the epiphany of the conversational poetry, inseparable from a democratice practice of the language