Les hiérarchies sociales et leurs fondements idéologiques chez les Haalpulaar'en (Sénégal)

This work is based on a year and a half of field research conducted in the middle valley of Senegal. It attempts to describe how a Haalpulaar conceives the social category to which he belongs, and what notions he uses to distinguish it from others. The first part describes the categories of Rima nobles: Fulani, fishermen, political advisors, warriors and religious. The first part describes the categories of Rieme nobles: Fulani, fishermen, political advisors, warriors and clerics. The Fulani and fishermen work in different parts of the valley and have different knowledge. The accumulation of this knowledge is experienced as anti-social and dangerous. The problem is then that of complementarity. The Fulani leaders have secured the services of two other categories. One is closely related to them (the political advisors); it has scrupulously watched over the safeguarding of its own interests. The other, made up of foreigners, assumes the role of warriors with total dedication. It is here the question of the dependence which is posed. As for the fifth group of nobles, the religious, they come from all the other categories of the society. The second part, devoted to the nyeenybe craftsmen and lauders, examines the traditions of each of these groups. It reveals important differences, particularly in matrimonial practices. The goldsmiths, who belong to a Fulani lineage, see the "red shoemakers", also of Fulani origin, as the only group likely to make them renounce endogamy, whereas the non-Fulani artisans claim equality between the various Nyeenybe and affirm that they take wives from any group of artisans. Finally, a hypothesis is presented concerning the historical evolution of the institution of artisanal castes in Haalpulaar society, based on historical and genealogical data.Ce travail repose sur une recherche de terrain d'un an et demie, menée dans la moyenne vallée du Sénégal. Il s'attache à décrire comment un Haalpulaar conçoit la catégorie sociale à laquelle il appartient, à quelles notions il a recours pour se distinguer des autres. La première partie décrit les catégories de nobles rimbe: peuls, pécheurs, conseillers politiques, guerriers et religieux. Les peuls et les pécheurs exploitent des parties différentes de la vallée et détiennent des connaissances distinctes. Le cumul de ces connaissances est vécu antisocial et dangereux. Le problème posé est alors celui de la complémentarité. Les chefs peuls se sont garantis les services de deux autres catégories. L'une leur est étroitement apparentée (les conseillers politiques); elle a scrupuleusement veille à la sauvegarde de ses intérêts propres. L'autre, constituée d'étrangers, assume le rôle de guerriers dans un total dévouement. C'est ici la question de la dépendance qui est posée. Quant au cinquième groupe de nobles, les religieux, ils sont issus de toutes les autres catégories de la société. La seconde partie, consacrée aux artisans et laudateurs nyee4nybe, examine les traditions propres à chacun de ces groupes. Elle révèle des différences importantes, notamment dans les pratiques matrimoniales. Les orfèvres, qui se rattachent a un lignage peul, voient dans les "cordonniers rouges" eux aussi d'origine peul, le seul groupe susceptible de les faire renoncer à l'endogamie, alors que les artisans non-peuls revendiquent une égalité entre les divers nyeenybe et affirment prendre des épouses dans tout groupe d'artisans. Enfin, une hypothèse est présentée concernant l'évolution historique de l'institution des castes artisanales dans la société haalpulaar, sur la base de données historiques et généalogiques