« Y a-t-il des papillons au Liban ? » : Guerres, migrations et transmissions : Recherche auprès de familles libanaises vivant en France

Today, the transmission of traumatic experiences, from a parent to a child, is undoubted. If different paradigms can explain this phenomenon, in this research we focus on intergenerational and transgenerational psychic transmission. We study the transmission of war experience among Lebanese migrants, through parental narrative. Our population is Lebanese people who fled during the civil war (1975-1990) and who had children in France after the end of the conflict. First, we conducted semi-structured interviews with parents, construed transversally with the Interpretative Phenomenological Analysis (IPA). Then, we carried projective tests (Rorschach and TAT) with one of their child born in France. This methodology allowed us to study transmission from the point of view of parents and children. Both, war experience and the migratory journey, appear to be knots in the family history. This tendency to avoid speaking about the past is related to a desire to protect the child from the violence of these memories. Facing parents who have difficulty evoking their story, children seek to complete the gaps. Projective tests show, among other things, separation anxieties, a potentially threatening perception of relationships, as well as an emotional overflow. Their answers hold both themes of war and migration, as an echo with a latent parenting narrative. To anchor their filiation process, children need to access their family history, and put into words their parents’ memories.Aujourd’hui, l’existence d’une transmission d’expériences traumatiques, du parent à l’enfant, ne fait plus de doute. S’il existe différents paradigmes qui rendent compte de ces phénomènes, nous nous basons sur deux versants de la transmission psychique : intergénérationnelle et transgénérationnelle. Nous nous intéressons à la transmission du vécu de guerre chez des libanais migrants, à travers la narration de l’histoire parentale ainsi que des éléments non verbaux. Nous avons rencontré des Libanais qui ont quitté le Liban pendant la période de la guerre civile (1975-1990) et qui ont eu des enfants en France après la fin des conflits. Ces rencontres se sont effectuées en deux temps : d’abord des entretiens semi-directifs avec les parents, analysés de manière transversale avec la méthode qualitative phénoménologique (IPA), ensuite des entretiens avec les enfants nés en France, précédés d’une passation d’épreuves projectives (Rorschach et TAT). La double méthodologie a permis de considérer la transmission du point de vue des parents et des enfants. Le vécu de guerre, ainsi que le voyage migratoire apparaissent dans la recherche comme des nœuds dans l’histoire familiale. Cet évitement de la transmission est en lien avec une volonté de protéger l’enfant de la violence de ces souvenirs. Face à des parents qui ont des difficultés à narrer leur histoire, les enfants cherchent à compléter les manques dans le récit. Les épreuves projectives montrent entre autres, des angoisses de séparation, une perception potentiellement menaçante de la relation, ainsi qu’un défaut de pare-excitation. La guerre et la migration, apparaissent dans les histoires, comme en écho avec un récit parental latent. Pour ancrer leur filiation à travers l’accès à une histoire familiale, les enfants sont en quête de mots pour se raconter