Conflits et collaboration entre les rapatries et les reinstalles dans la periode d\u27apres-guerre: le Comitat de Brod-Posavina

U radu se analiziraju konjuktivni i disjunktivni procesi socijalne interakcije (suradnja i sukobi) na prostoru zapadnog dijela Brodsko-posavske županije. Metodama ankete i intervjua obuhvaćeni su akteri navedenog procesa i to: izbjeglice useljenici, povratnici Hrvati, povratnici Srbi, te predstavnici institucija. Suživot se konstituira na razini primarnih društvenih odnosa u kontinuumu između suradnje i sukoba. U postojećoj poslijeratnoj stvarnosti sukoba je sve manje, ali je suradnja još uvijek opterećena traumama i ratnim reminiscencijama. Perspektive suživota i regeneracija primarne mreže odnosa u ovoj lokalnoj zajednici postupno, iako još uvijek sporo, postaju dio svijesti i ponašanja tamošnjeg stanovništva.The paper examines conjunctive and disjunctive social integrational processes (cooperation and conflict) in the western part of the Brod-Posavina county. The actors involved in the mentioned processes – queried in a questionnaire survey – included refugees-immigrants, returnee Croats, returnee Serbs and representatives of the institutions of the groups. In total, 180 war victims were surveyed. With the end of the war, the primary network of social relations in the liberated area is beginning to be renewed. At first after the return especially of Serbs there were conflicts and settlings of accounts between the members of the three groups of war victims. However, although the conflicts were present on the level of nationality (which is not surprising in view of the Serb aggression on Bosnia and Herzegovina and Croatia and the marked stigmatisation of this national group), a shift can be noted from the psycho-emotional to the socio-economical levels. Although there is enmity in Croat–Serb relations, nevertheless the conflict is more pronounced between refugees-immigrants and returnee Serbs, despite what might be expected on the basis of the war events. Yet as opposed to returnee Croats, refugees-immigrants were not actors of the war events in this area, which may be (on the psychological level) a slight advantage in communicating with returnee Serbs. However, among them as well it is evident that conflicts occur mainly in the area of property, which is precisely the unresolved question between refugees-immigrants and returnee Serbs. Immigrants from Bosnia and Herzegovina have been settled mainly in houses of persons of Serb nationality, which is the source of intolerance, distrust as well as conflict between them. On the other hand, returnee Croats are relatively secure in this regard and do not have direct property relations with the Serb population. Memories of the war and the role of the Serbs is not negligible, but it is also noted that the people now in question are mainly elderly and did not actively participate in the war events. Coexistence is evolving on the level of primary social relations in a continuum from cooperation to conflict. In the present situation, after the end of the war, conflicts are being reduced, but cooperation is still burdened by traumas and reminiscences of the war. In the local community examined, even if slowly, the perspective of coexistence and regenerated networks of primary relationships is nevertheless becoming a part of the consciousness and behaviour of the people.Ce travail analyse les processus conjonctifs et disjonctifs d\u27interaction sociale (collaboration et conflits) dans l\u27ouest du Comitat de Brod-Posavina. De par leurs méthodes, l\u27enquête et les interviews englobent les acteurs desdits processus à savoir: les réfugiés-réinstallés, les Croates rapatriés, les Serbes rapatriés, les représentants des institutions. L\u27enquête porte sur, en tout, 180 sinistrés du fait de la guerre. La période de l\u27après-guerre dans ce territoire libéré est marquée par un renouveau du réseau primaire de rapports sociaux. Immédiatement après leur installation, en particulier après le retour des Serbes dans leurs foyers, des antagonismes et des règlements de compte ont eu lieu entre les membres de ces trois groupes de sinistrés. Bien que les conflits se déclarent surtout au niveau national (ce qui n\u27est pas étonnant compte tenu de l\u27agression serbe contre la Bosnie-Herségovine et la Croatie, et des très profonds stigmates portés par ces groupes nationaux), on observe un décalage des motifs de conflit, qui passent du plan psycho-affectif au plan socio-économique. Bien qu\u27il existe une animosité au niveau Croates-Serbes, les conflits sont plus présents entre les réfugiés-réinstallés et les Serbes rapatriés, ce qui va à l\u27encontre d\u27éventuelles prévisions axées sur les événements liés à la guerre. A la différence des Croates rapatriés, les réfugiés-réinstallés n\u27ont pas été les acteurs du conflit armé dans cette région, ce qui peut constituer (ne serait-ce qu\u27au niveau psychologique) une espèce de une circonstance atténuante quant à leur communication avec les Serbes rapatriés. Toutefois, là aussi, il est évident que les conflits sont généralement motivés par des questions de propriété, qui sont en suspens en ce qui concerne les réfugiés-réinstallés et les Serbes rapatriés. Les personnes venant de Bosnie-Herzégovine sont généralement installées dans les maisons d\u27habitants serbes, ce qui est une source d\u27animosité, de défiance et de conflit entre eux. En revanche, les Croates rapatriés jouissent d\u27une relative sécurité et n\u27ont pas avec la population serbe de rapports juridiques directs quant à leurs propriétés. Le souvenir de la guerre et du rôle des Serbes n\u27est pas négligeable, mais il faut tenir compte du fait que les personnes en présence n\u27ont le plus souvent pas participé au conflit armé, sont plutôt âgées et n\u27ont pas pris part activement aux épisodes de la guerre. La cohabitation s\u27établit au niveau des rapports sociaux primaires dans la continuité, entre collaboration et conflit. Dans le contexte actuel, on recense de moins en moins de conflits, mais la collaboration est toujours sous le signe des traumatismes et réminiscences liés à la guerre. Les perspectives de cohabitation et de régénération du réseau primaire de rapports dans cette communauté s\u27inscrivent graduellement, mais encore lentement, dans la conscience et le comportement de la population locale