Quelles capacités d'adaptation et de résilience des éleveurs transhumants peuls du Sahel face aux mutations du pastoralisme dans un contexte de changements climatiques et d'insécurité?

Les systèmes de production fondés sur l'élevage en pâturages naturels relèvent d’une pratique multimillénaire en Afrique et ailleurs dans le monde. Au Sahel, ce mode de vie est ancré dans une culture de transhumance ou de nomadisme pratiquée par de nombreux groupes ethnolinguistiques, et particulièrement par les Peuls qui constituent le plus grand peuple de pasteurs d’Afrique de l’Ouest. L’élevage itinérant assure aux communautés rurales les moyens de subsistance leur permettant de survivre dans un environnement bioclimatique particulièrement contraignant. Mais bien que les populations pastorales aient acquis et développé une grande aptitude d’adaptation au fil du temps, à travers la mobilité spatiotemporelle de leur bétail qui est rythmée par un cycle saisonnier bien établi, cette capacité est fortement malmenée par de multiples facteurs de vulnérabilité qui s’imbriquent et bouleversent de fond en comble le pastoralisme en tant que mode de vie et de production. Ces facteurs de vulnérabilité sont à la fois d’origine naturelle et anthropique. Les aspects biophysiques concernent la variabilité climatique qui se manifeste notamment par des pluies irrégulières et inégalement réparties dans l’espace et dans le temps ainsi que par des hausses de températures. Les facteurs humains sont en lien, entre autres, avec la surexploitation des ressources naturelles qui accentue la pression sur les écosystèmes. Les effets combinés de tous ces facteurs contribuent à fragiliser davantage les systèmes pastoraux et à mettre ainsi en péril la survie même des peuples qui en dépendent. Pour y remédier, il s’avère nécessaire d’identifier les principaux facteurs en cause ainsi que leurs multiples enchevêtrements, afin de proposer, en conséquence, des stratégies d’adaptation ciblées à même d’accroître la résilience des pasteurs sahéliens en général, et plus spécifiquement celle des Peuls. C’est cet objectif que s’était fixé cet essai, qui en est arrivé à la conclusion que les tenants des systèmes de production pastoraux traditionnels ont désormais moins d’emprise sur leur destin. Par conséquent, l’essai a émis des recommandations à l’endroit des autorités compétentes des pays du Sahel dans l’objectif de contribuer à sauver ce qui peut l’être encore de ce mode de vie ancestral