Les Sauvageons » dans la série télévisée Game of Thrones, entre essence et culture guerrière : une influence antique ?

National audienceParmi les sources d’inspirations antique figure Tacite, héraut de la Res Publica, historien romain et latin du Ier siècle. Epopées militaire, récits de voyage, essais et traités politico-historique sont les sources mêmes de cet historien pessimiste qui interroge ici le fait guerrier, la politique impérialiste d’une Rome avilissante et les résistances que lui opposent les peuples combattus par l’imperium romanum.Ses deux traités ethnographiques, la Vie d’Agricola, et La Germanie, publié vers 98 de notre ère, proposent de formidables esquisses des aspects sociaux, politiques, culturels et militaires des sociétés bretonnes et germaniques. Ces tableaux même que l’auteur dresse à l’égard des populations bretonnes et germaniques et de leur goût pour la guerre, la violence et les faits d’armes nous rappelle l’importance, selon les mentalités anciennes, d’une culture de guerre omniprésente chez les populations barbares. Tacite exprime ici sa peur du barbarus, du Breton insulaire et du Germain transrhénan, ce dernier étant l’ennemi héréditaire de Rome depuis la romanisation des Gaules et l’époque augustéenne. Une crainte teintée d’admiration pour deux peuples – dont Tacite admire les valeurs, les vertus et le respect des traditions – qui plus d’une fois ont mis en échec les légions romaines, notamment dans les sombres et impénétrables forêts de Germanie, au nord du monde romain et aux marges du monde connu. A ces représentations culturelles antiques répondent, comme dit précédemment, les représentations contemporaines et actuelles de cette Belli furor (goût pour la guerre) barbare dans la culture populaire et plus précisément au travers des arts visuels et virtuels, du 7e art aux jeux vidéo. Si de nombreux péplums proposent une retranscription partielle ou totale de l’Antiquité – et ici du phénomène barbare – les séries télévisées ne sont pas en reste. Game of Thrones (série produite par les scénaristes David Benioff et Daniel Bret Weiss, et diffusée par la chaine HBO, de 2011 à 2019) proposent de reconduire le succès de la saga littéraire originelle, de G.R.R Martin, sur nos écrans. Derrière la fresque cruelle, haletante et héritière du genre fantastique, se cachent de nombreuses références à notre histoire, notamment antique et médiévale. On y trouve notamment une inspiration du barbaricum (le monde barbare) tel qu’il est dépeint dans les sources de l’Antiquité gréco-romaine, ce au travers des peuples « Sauvageons ». Une référence, selon nous, plus ou moins directe aux populations bretonnes et germaniques de l’ère républicaine et impériale romaine. feritas qui désigne tant l’homme germain dans l’historiographie antique. Culture et caractéristiques guerrières, traditions militaires et mœurs sauvages sont le creuset de cette identité barbare et « sauvageonne » d’un part, bretonne et germanique d’autre part. On ressent pleinement ici l’inspiration tacitéenne d’une Antiquité parfois fantasmée telle qu’elle fut redécouverte aux temps modernes et manipulée à notre époque dans la construction de nos mythes contemporains, comme le démontre les mondes de fictions littéraires et cinématographiques