L'aveu du pluriel. Les commissions de vérité et de réconciliation et la recherche de la vérité

Les Commissions Vérité et Réconciliation (CVR) sont l'un des mécanismes permettant la mise en œuvre de la Justice transitionnelle et symbolisent sa spécificité. Les CVR sont en effet le fruit d'une double innovation structurelle et matérielle. Elles sont des institutions originales dont la mission reste de construire des compromis face aux tensions contradictoires des périodes de démocratisation et de pacification. Les CVR ne sont en effet pas des juridictions : elles traduisent un compromis en tendant à satisfaire les droits à la vérité, à la justice, à la réparation et aux garanties de non-répétition par une forme de justice non rétributive, centrée sur la recherche de la vérité et sur la réconciliation. Elles s'inscrivent ainsi dans la logique holistique de la justice transitionnelle, tout en représentant une solution acceptable par tous. Toutefois, le fonctionnement des CVR pose des questions fondamentales dont notamment celles de savoir si la vérité encourage effectivement la réconciliation et si la reconstruction et la justice peuvent admettre l'absence de sanctions judiciaires des auteurs de violations graves des droits de l'Homme. Dans cet ouvrage, l'Amérique latine est la première aire géographique choisie afin de mesurer le degré de satisfaction effectivement apporté par les CVR aux quatre piliers de la Justice transitionnelle.So-called fact-finding or truth-seeking procedures are widely deployed, often, in the form of mechanisms that function either before (in preparation of), in addition to, or else, as an alternative to criminal justice – when the latter is inaccessible. Indeed, reality often requires to fill the blind spots of the so-called "fight against impunity" for the most serious crimes, and to act through non-prosecutorial and extrajudicial means where retributive justice is insufficient, excluded, uncontemplated or unthinkable. These situations lead to the development of other justice mechanisms, such as truth and/or reconciliation commissions. Like the work of judicial authorities, the endeavour of these commissions involves uncovering the traces / remains of crimes and responsibilities, which allows the realization and effective implementation of the right to the truth or the right to know. Nevertheless, these extrajudicial practices are plural and polymorphous, and they use disparate procedures for the establishment of facts. This testifies to a need for new theoretical approaches. This article addresses the importance of a critical perspective when analysing such extrajudicial mechanisms, as well as a series of key questions, in light of the complex plurality that needs to be apprehended