Penser (avec et par) les touristes : revisiter les enquêtes de fréquentation des sites naturels remarquables

La mise en tourisme des sites naturels remarquables est ancienne et porteuse de nombreux enjeux : politiques, économiques, sociaux, environnementaux. Si le tourisme a souvent été à l’origine de la protection de hauts-lieux naturels, sa massification, au cours du XXe siècle, a pu s’avérer particulièrement perturbatrice pour les écosystèmes. Dans nos sociétés urbaines et mobiles, l’avènement des loisirs a, en effet, conduit à augmenter la fréquentation de ces sites exceptionnels « à voir » impérativement. Répondant à des injonctions ministérielles plus ou moins pressantes, les gestionnaires des sites naturels à forte notoriété ont tenté de s’adapter en mettant en œuvre des mesures de protection (obéissant à l’interdiction générale de modifier « l’esprit des lieux ») sans renoncer pour autant à la valorisation du lieu, essentielle à l’économie touristique locale, dans un contexte souvent contraint. L’amélioration des conditions d’ouverture au public et de la qualité de la visite constituent les objectifs prioritaires de ces politiques locales de gestion des sites. Il ne s’agira pas ici d’évaluer l’effectivité et l’efficacité des mesures de gestion de la fréquentation adoptées, mais d’apprécier la façon dont les visiteurs vivent leur expérience de visite et perçoivent le lieu visité à partir des données collectées dans le cadre d’enquêtes qui prétendaient aller au-delà des enquêtes de fréquentation réalisées avec une périodicité variable par les structures en charge des sites naturels protégés