Trajectoires de militants clandestins basques : six décennies de conflit

Des études généralistes sur les organisations clandestines ont suggéré une évolution temporelle des modalités de recrutement au sein de ces dernières ainsi que du rapport à la violence de ceux et celles qui y entraient (Della Porta, 2013). Une enquête de sociologie empirique réalisée auprès de 64 membres d’organisations illégales basques apporte un autre regard sur les générations militantes d’ETA et d’Iparretarrak. Elle permet de mettre à l’épreuve l’hypothèse à la fois d’un changement dans les formes d’intégration dans la clandestinité mais aussi d’une transformation des motifs d’engagement et des registres de légitimation de la lutte au fil des générations. Nous envisagerons en outre les effets de la répression et des évolutions du contexte macrosocial sur les représentations du conflit de part et d’autre de la frontière.The conflict in the Basque country lasted for decades during the 20th century, whether in the northern Basque country or in the southern Basque country. Generations of activists have taken the path of illegal engagement in the defence of the Basque country. Recent studies have suggested that within ETA, generations of activists can be distinguished due to a certain relationship to violence (Della Porta, 2013). We undertook an empirical sociology survey of 64 members of illegal organizations in this territory. It showed that generational distinctions were rather based on variables such as the involvement of parents’ militant, the articulation between legal and illegal political involvement each militant had, the political project to which activists aspired, their relationship to ideology, their conception of the use of illegal political means, and the socio-political and structural context in which their action is embedded