Pauvreté monétaire, pauvreté non monétaire : une analyse des interactions appliquée à la Guinée

Since the end of the 19th century, concern about the definition of poverty has significantly risen in both political and academic circles. Most of the success of anti-poverty programs depends on the definition of this concept of poverty. The ambition of this Ph-D dissertation is to question ambiguous links between three information bases. Utilitarianism, which still constitutes, because of theoretical extensions, the main paradigm in poverty analysis, defines poverty as a lack of monetary resources to maintain a good physical and psychological quality of life. Two recent branches of research have attempted to enrich the definition. Both the Basic Needs Approach and the Capability Approach have broadened the concept of poverty to include non-monetary dimensions of the quality of life as well as to allow for individual freedom for the latter. If those approaches appear to be at odds with the monetary one, this dissertation shows that they overlap more than it seems. To question this theoretical result we confront them with original data from Observatories of Maritime Guinea. Empirical results corroborate our theoretical stance: both monetary and multidimensional approaches tend to provide additional information as for the reality of the phenomenon of poverty on our sample. Moreover, if monetary information is not sufficient to understand the reality of deprivation, income remains important in the probability for a household of being a victim of multidimensional poverty.Depuis la fin du XIXème siècle, les préoccupations concernant la définition de la pauvreté ne cessent de croître dans les milieux universitaires et politiques. Les implications sur les programmes de lutte contre la pauvreté dépendent en grande partie de la définition que l'on retient de la notion même de pauvreté. Cette thèse a pour ambition de questionner les rapports parfois ambigus entre trois grandes familles informationnelles. L'utilitarisme qui constitue, aujourd'hui encore, grâce à de nombreuses extensions théoriques, le paradigme dominant dans les analyses relatives à la pauvreté, définit cette notion comme un état de dénuement monétaire ne permettant pas de subvenir aux besoins des personnes concernées. L'attention exclusive portée aux ressources monétaires ne permet cependant pas d'appréhender la pauvreté dans sa totalité. C'est la raison pour laquelle deux approches – concernant les besoins essentiels et les capabilités – permettent d'enrichir la définition de la pauvreté d'informations plurielles comme les besoins de base ou les libertés. Si elles semblent s'opposer de prime abord, la présente recherche montre que les trois approches retenues sont beaucoup plus convergentes. Après avoir présenté les domaines de substitution et de complémentarité théoriques, nous avons mobilisé les données issues de l'Observatoire de la Guinée maritime pour les confronter à la réalité. Les résultats empiriques corroborent les conclusions théoriques : les approches monétaires et multidimensionnelles tendent à fournir une information complémentaire quant à la réalité du phénomène de pauvreté sur notre échantillon. Si l'identification monétaire des ménages pauvres ne permet pas d'en saisir la multidimensionnalité, il n'en reste pas moins que le revenu reste important dans la probabilité qu'un ménage soit victime de pauvreté multidimensionnelle