Au sein de multinationales françaises, la conversion d'une expertise savante en un capital symbolique

Comment appréhender une pratique professionnelle aux contours flous et à la légitimité instable ? Cette interrogation s'est posée d'emblée lorsqu'il a fallu rendre compte d'une fonction associée au respect et à la mise en oeuvre de principes éthiques et déontologiques , au sein de multinationales françaises contraintes de redéfinir la régulation de leurs pratiques. Ici, la mise en question d'une sociologie des professions qui prend pour objet la définition institutionnelle d'un savoir-faire préétabli s'avère particulièrement féconde puisque les frontières de cette fonction sont encore suffisamment floues et sa légitimité incertaine pour autoriser, dans le champ patronal, tout un jeu autour de ce que peut être un "déontologue". Dès lors, notre contribution se penche sur un rapprochement , d'apparence paradoxale, celui qui conduit des multinationales françaises et des magistrats de l'ordre judiciaire à se rencontrer autour d'un objectif commun : la régulation des échanges commerciaux. Suivant cette logique, et en s'appuyant sur une enquête empirique réalisée auprès de multinationales françaises, on cherche à montrer comment les investissements patronaux contribuent à valoriser des professionnels dont l'expertise, autrefois peu considérée, se voit convertie en un capital symbolique destiné à garantir la bonne moralité de l'entreprise