: Introduction

International audienceCes études présentent les résultats d'un séminaire de recherche organisé de 2002 à 2005 à l'Institut de recherche sur le patrimoine musical en France (IRPMF, CNRS) dans le cadre d'un plus vaste projet, soutenu par l'ANR, consacré aux spectacles dans les collèges français. Il s'agit d'une étude collective du spectacle donné le 17 août 1689, par les élèves du collège Louis-le-Grand, formé par la tragédie latine Polymestor du P. de Jouvancy, et le ballet Sigalion ou le secret, de Pascal Collasse, qui en constituait les intermèdes. Cette enquête collective visait l'étude de l'œuvre mais aussi un prolongement artistique, assumant l'audace et les limites d'une archéologie. Nous avons tenté une double re-création : la récriture des parties intermédiaires de la partition et son instrumentation, puis la chorégraphie de larges extraits de l'œuvre, relevant le défi d'une entière création qui puisse sinon prétendre à une légitimité historique, du moins participer, en retour, à la réflexion sur les œuvres. Cette proposition a donné lieu à un spectacle public le 19 novembre 2005 au grand auditorium de la Bibliothèque nationale de France.La tragédie est perdue. On dispose uniquement des programmes, l'un en latin, l'autre en français. L'argument du ballet, également conservé sous forme de programme, est anonyme et comporte une dimension encomiastique liée à l'actualité. La musique, quant à elle, nous est parvenue sous forme manuscrite (ms. de la collection Philidor). La partition contient cinquante-et-une danses (prologue et quatre parties dansées entre les actes de la tragédie). Un ballet général, joué en principe après la distribution des prix, venait clore le spectacle. Enfin, la chorégraphie originale fait elle aussi défaut.Le travail collectif a consisté à approcher cette œuvre lacunaire à partir de ses sources incomplètes, éclairées par une recherche périphérique, comprenant notamment la prise en compte de la dimension politique et mondaine du spectacle. Une réflexion liminaire sur l'allégorie jésuite permet de comprendre comment la figure du secret reliait le ballet à la tragédie.Ce faisant, les interrogations artistiques rejaillirent sur la réflexion historique. En témoigne l'article de N. Lecomte sur l'identité, la condition et l'âge des élèves danseurs. L'étude des caractères de la danse nous a conduits à interroger leur diversité, et la récurrence e danses simples.Le programme de l'ANR dans lequel s'inscrivait la réflexion sur Polymestor et Sigalion ou le secret a également permis l'organisation d'un colloque conçu comme le prolongement des réflexions mûries au cours de ce séminaire (Paris, Bibliothèque nationale de France, du 17 au 19 novembre 2005), puis la publication de ses actes (Plaire et instruire. Le spectacle dans les collèges de l'Ancien Régime, publié aux Presses Universitaires de Rennes en 2007). C'est à l'occasion de ce colloque que furent présentées et les études qui suivent, et la reconstitution partielle du ballet de Sigalion ou le secret