En psychiatrie, en quoi les techniques de communication contribuent-elles à réduire l’agressivité et ainsi à diminuer l’utilisation de la chambre d’isolement ?

Problématique : Les auteurs de ce travail ont pu constater que la psychiatrie garde les séquelles de son passé en matière de contraintes. Les mesures limitatives de liberté questionnent éthiquement et impactent le personnel tout comme les patients. Le constat fait sur l’utilisation de celles-ci est qu’elles sont notamment mises en oeuvre pour faire face au potentiel agressif des bénéficiaires de soins. Cette agressivité est exacerbée par plusieurs éléments et est particulièrement présente dans les services de santé mentale. Actuellement, l’isolement est la mesure coercitive la plus pratiquée, et ce, également en Suisse. Elle altère la relation thérapeutique, la confiance du patient envers l’équipe, est infantilisante et augmente la durée d’hospitalisation. Elle impacte aussi négativement l’équipe soignante. L’utilisation de telles mesures croît en lien avec de multiples facteurs. Concepts abordés : Pour développer la compréhension de cette thématique, l’agressivité, la communication ainsi que l’alliance thérapeutique ont été approfondies. Il est à noter qu’un acte agressif résulte d’une interaction entre deux personnes, par conséquent, le soignant a un rôle à jouer. De plus, la communication est un aspect nécessaire à la relation. Elle permet de construire un projet commun. Aussi, la Communication NonViolente a pour potentiel de diminuer les tensions conflictuelles en se basant sur l’empathie, la bienveillance, les besoins et les demandes, les observations et les sentiments. Finalement, l’alliance thérapeutique est particulièrement adaptée à la prise en soins psychiatriques qui utilise la relation comme instrument de soins. C’est pourquoi la théorie des relations interpersonnelles de Peplau permet également d’éclairer cette thématique. Somme toute, la question de recherche est la suivante : « En psychiatrie, en quoi les techniques de communication contribuent-elles à réduire l’agressivité et ainsi à diminuer l’utilisation de la chambre d’isolement ». Méthode : Après avoir réalisé une scoping review, les auteurs ont pu formuler une question PICOT. Ainsi, ils ont déterminé des mots-clés leur permettant d’interroger les bases de données Cinhal, Cochrane, MedLine (Ovid), PsycInfo et PubMed. Suite à cela, 13 articles correspondants à la question de recherche ont été sélectionnés. Ceux-ci ont ensuite été analysés au moyen de la grille de Tétreault, Sorita, Ryan & Ledoux (2013), puis les résultats ont été mis en exergue avec la thématique. Une conclusion présentant les apports pour la recherche et la pratique permet d’avoir un regard complet sur une réponse probante. Résultats : Le contenu des articles retenus a permis de thématiser les résultats. Les catégories identifiées par les auteurs de ce travail sont les suivantes : les patterns liés à l’isolement et la désescalade, politiques et cadre légal, virage, ambulatoire, formation, alliance thérapeutique et relations interpersonnelles, modèles, programmes et plans personnalisés. Les approches comportant des interventions complémentaires ainsi que la participation du patient semblent montrer les meilleurs résultats. La formation en matière de communication permet de diminuer significativement l’agressivité. En outre, les programmes d’intervention présentés dans ce travail préconisent plus d’échanges entre le personnel soignant et les bénéficiaires de soins (BDS). Cela peut donc suggérer qu’un focus sur le lien thérapeutique permettrait de diminuer l’agressivité et ainsi le recours aux mesures restrictives. Conclusion : In fine, les auteurs de ce travail ont remarqué que la littérature disponible sur le questionnement présenté précédemment est peu étoffée et manque de spécificité. Le lien entre agressivité et isolement ayant pu être clairement établi, il convient de mener des recherches supplémentaires à ce sujet