Deux parents ou deux mamans?: Evolution des termes d'adresse et de désignation dans les familles lesboparentales

Depuis les années 1990, l'homoparentalité est devenue un phénomène croissant et de plus en plus visible. En témoigne, l'évolution du nombre d'adhérents de l'association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL). En 1995, elle ne comptait encore que 70 adhérents, elle est passée à 300 en 1999, l'année de l'adoption du Pacs (Pacte civil de Solidarité). Elle compte en 2006 plus de 1600 adhérents. En France, le modèle traditionnel de la famille repose sur l'hétérosexualité et la reproduction biologique. Ce modèle était tout à fait adapté lorsque la plupart des familles étaient constituées d'époux avec leurs enfants. Au sein d'une famille traditionnelle, les liens biologiques, légaux et sociaux sont portés par les mêmes personnes. Lorsque ces liens ne coïncident pas, le droit de la filiation les rabat sur les liens biologiques. Les liens de filiation ne peuvent être établis que s'ils miment la reproduction biologique. Un tel droit ne permet pas d'envisager la possibilité de deux parents de même sexe. Les familles homoparentales font voler en éclat ce modèle. Trois enquêtes par questionnaire menées auprès des adhérents de l'APGL en 1997, 2001 et 2005 permettent d'étudier l'évolution des termes d'adresse (maman, petit nom, prénom) et de désignation des liens (mères, parents, marraine, tante, etc..) et d'examiner comment la désignation des liens dans les foyers lesbiens traduit ou non la remise en cause du modèle traditionnel de la famille. On analysera également la manière dont l'homme qui a contribué à donner la vie est désigné. L'utilisation de termes de parenté pour désigner un homme qui a donné son sperme mais qui n'a pas d'implication au quotidien, sera un indicateur du poids des représentations liées au modèle traditionnel