Discours sur la musique et théorie des passions

Au XVIIe siècle, le parallèle entre les arts s'inspire principalement de la conception aristotélicienne d'une mimèsis qui leur serait commune, conception dominante au moins jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Cet article confronte cet héritage aux renversements successifs affectant théorie des passions et conception de l'expression musicale : mutations entre contenu et effet, entre consensus expressif et expression de l'intériorité individuelle, en replaçant la musique dans le cadre des influences exogènes sur sa production et sa réception : contexte social, religieux, poétique du chant, pensées à travers une tradition rhétorique classique qui entretient un parallèle riche de sens entre orateur et chanteur, mais qui perd progressivement de sa vigueur théorique alors que la musique s'impose, en vertu de son rapport moins univoque à une expression conçue selon les moules sémantiques, un statut privilégié dans la hiérarchie des beaux-arts