La vulnérabilité : une notion vulnérable ? A propos des risques naturels

La cause semble désormais entendue : on ne peut, comme ce fut longtemps le cas, confondre la notion de risque avec celle d'aléa et, ainsi, oublier la part de la vulnérabilité. Il n'est plus nécessaire, comme on le faisait de façon rituelle, d'évoquer la fameuse polémique entre Voltaire et Rousseau à propos du tremblement de terre de Lisbonne. Le tournant théorique apparaît donc avoir été largement effectué, (notamment grâce à certaines opérations de recherche comme celle réalisée à Quito dans le cadre de l'IRD-ORSTOM), même si ce tournant s'est fait après celui opéré par la communauté anglo-saxonne dans les années 70 aussi bien chez les géographes que chez les psycho-sociologues et les sociologues qui ont interrogé la notion de « désastre » dans le cadre du Disaster Research Center. La question apparaît donc désormais bien instruite dans le champ académique et l'ensemble des conditions sont a priori réunies pour que l'on pense autrement les risques naturels. Ce constat nécessite cependant d'être tempéré. Même si, dans le champ des sciences humaines et sociales, le débat scientifique a permis de renouveler le questionnement en soulignant le caractère de plus en plus endogène des risques naturels, la discussion, tant avec les autorités, les experts, qu'avec la société civile, les médias, reste prisonnière d'une approche assez conventionnelle sur laquelle il demeure utile de revenir. Bien qu'intégrant mieux la notion de vulnérabilité, cette approche laisse toujours de nombreuses questions en suspens et se caractérise donc par un certain flou du point de vue théorique. Il s'avère donc nécessaire de franchir un pas supplémentaire, en allant plus avant dans « l'exploration » de la notion de vulnérabilité