Technologies de l'Information-Communication et développement durable : comment penser leurs relations ?

C'est autour du thème de la « nouvelle économie », que dès la fin des années 90, se dessine le futur des sociétés développées du Nord : ce nouvel âge d'or, combinant libéralisme économique et diffusion avancée des « nouvelles » technologies, est, aux dires de ses promoteurs, celui de l'entrée dans la société de l'information, source d'une croissance durable.Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) et développement ont partie liée et, au cours de ces dernières années, vont s'affronter deux modèles de diffusion des technologies et d'usages sociaux des TIC, qui ont néanmoins en commun une croyance, celle de l'horizon indépassable d'une société connexionniste. Le discours néo-libéral voit dans les réseaux électroniques la forme aboutie et concrète de l'universalisation du marché : les technologies de l'information et de la communication fournissent l'infrastructure du réseau nécessaire à l'expansion et au fonctionnement de la globalisation. De manière symétrique, émergent sur la scène internationale des mouvements qui, aux enjeux globaux – en particulier écologiques-, entendent répondre par une stratégie planétaire. La diffusion des technologies d'information et de communication s'accompagne enfin de la construction d'une catégorie, celle de l'usager de ces technologies, et de la définition des usages socialement légitimes.À cette vision désormais dominante d'une société en réseau fait écho la montée des interrogations autour des modèles de développement. Les problématiques du développement ont fait l'objet de réflexions critiques en raison, d'une part, de l'échec des politiques de développement (accroissement des inégalités Nord-Sud), d'autre part, des conséquences perçues comme étant négatives, du modèle libéral de développement des pays industrialisés et plus largement de la planète.Le concept de développement durable a partie liée avec ces critiques : il apparaît en réponse à la montée en puissance du discours écologique anti-développement. Il se veut aussi une solution à la contradiction entre les modalités de développement choisies depuis la seconde guerre mondiale et la préservation des grands équilibres écologiques de la planète ; il marque enfin l'engagement d'une tentative de conciliation entre les intérêts divergents du développement économique et de la protection de la nature.Dès lors quelles articulations peuvent s'opérer entre technologies de l'information et de la communication et développement durable ? comment penser leurs relations ?Nous nous proposons ici d'examiner comment se mettent en place ces articulations dans une perspective de développement durable des territoires. L'introduction de la dimension spatiale dans l'analyse des relations entre technologies de l'information et de la communication et développement durable est en effet nécessaire pour envisager les impacts potentiels des décisions de développement. Elle l'est aussi pour comprendre les modalités de territorialisation des processus de globalisation économique et de mondialisation.Nos interrogations portent sur la manière dont ces technologies sont prises en compte dans les projets de développement portés par les acteurs des territoires, et sur les types d'organisation de l'espace et des relations, auxquels ils renvoient.Cette communication s'appuie sur les résultats d'une recherche portant sur les relations entre technologies de l'information et de la communication et développement de territoires de montagne de l'Arc Alpin, engagée depuis l'année 2004