Aux marges du congrès, un congrès à la marge. Pratiques de négociations franco-espagnoles en-dehors de Westphalie (1648-1650)

peer reviewedThe Congress of Westphalia, established to put an end to the Thirty Years' War, has long been viewed by historiography as a major step in the process of modernization of European diplomacy. This article aims to reassess its role in the construction of an international dialogue in the mid-seventeenth century by analyzing how this assembly coexisted with the re-use of older diplomatic practices. By studying, through the lens of the new diplomatic history, the Franco-Spanish bilateral negotiations outside Westphalia, our objective is to determine how the peace congress influenced these experiments, by authorizing and constraining them at the same time. Thus, it appears that if the bilateral talks between France and Spain were partly the heirs of the Westphalian assembly, this latter constituted at the same time a hindrance to the peace between Catholic monarchies, because of the importance it took in the management of international crises. This research provides a new insight into the complexity of the European international system in the mid-seventeenth century, demonstrating that the codification of residence and congress diplomacy is the emerging part of a dialogue whose foundations continue to be composed of a multitude of meeting practices, both secular and constantly adapting.Le congrès de Westphalie, inventé pour mettre fin à la guerre de Trente Ans, a longtemps été considéré par l’historiographie comme une étape majeure dans le processus de modernisation de la diplomatie occidentale. Cet article vise à réévaluer son rôle dans la construction d’un dialogue international au milieu du XVIIe siècle en analysant comment cette assemblée cohabite avec le remploi de pratiques diplomatiques héritées des siècles précédents. En étudiant, dans la perspective de la nouvelle histoire diplomatique, les négociations bilatérales franco-espagnoles expérimentées aux marges de la Westphalie, notre objectif est de déterminer comment le congrès de paix agit sur ces expérimentations, en les autorisant et les contraignant tout à la fois. Il apparaît ainsi que si les pourparlers bilatéraux entre la France et l’Espagne sont en partie les héritiers de l’assemblée de plénipotentiaires organisée en Westphalie, cette dernière constitue parallèlement une entrave pour la paix entre les monarchies catholiques, à cause de la place que son dispositif prend dans la gestion des crises internationales. Cette recherche permet de mesurer à nouveaux frais la complexité du système européen au milieu du XVIIe siècle, en démontrant que la codification de plus en plus affirmée de la diplomatie de résidence et de congrès est la partie émergée d’un dialogue dont les soubassements continuent à être composés d’une myriade de pratiques de rencontres, à la fois séculaires et en constante adaptation