La perception des religions orientales par les voyageurs occidentaux en Orient et leur impact sur les débats théologiques

Les voyageurs occidentaux en Orient ont non seulement été confrontés aux musulmans, aux juifs et aux chrétiens orientaux, mais aussi à des religions (bouddhisme, hindouisme, chamanisme...) dont ils n'avaient absolument aucune connaissance préalable. Je m'interrogerai sur la façon dont ils rendent compte de ces religions : les perçoivent-ils en tant que telles, les différencient-ils les unes des autres, ou bien les désignent-ils toutes par le terme d'idolâtrie ? Comment parviennent-ils à les expliquer à leurs lecteurs en fonction de leur bagage culturel ? Cette question des religions des populations orientales a ensuite beaucoup intéressé les lecteurs occidentaux des récits de voyages. Cela se voit dans les annotations marginales des manuscrits, mais aussi dans les œuvres qui ont utilisé ces récits de voyage comme source d'information. Le cas de Roger Bacon, qui interroge Guillaume de Rubrouck et le cite dans son Opus majus, notamment sur la question des religions et des langues orientales et de la façon dont il faudrait conduire les missions, est bien connu. Mais il existe plusieurs autres exemples, où les informations données sur les voyageurs ont été utilisées, conjointement avec des données sur les juifs et les musulmans, dans des traités théologiques : il s'agit notamment de Thomas Bradwardine, de Nicolas de Cues et du traité inédit d'un chartreux allemand