Il n’est pas de roman d’amour, aussi invraisemblable soit-il, auquel ses personnages ni ses lecteurs n’accordent le pouvoir exorbitant de dire, le temps d’un « je vous aime », la vérité. Ainsi y aurait-il, entre le discours amoureux et la fiction chargée de l’accueillir, une étrange alliance contre-nature, comme si chacun avait besoin de l’autre pour exister. L’amour ne vaudrait, même précairement, que par la caution d’une littérature consacrée à le dire. Quant au roman, il s’est échappé de la troupe obscure des contes populaires ou enfantins parce qu’il a su faire entendre la parole, présumée sincère, du sentiment. Voilà que, sur le déclin des Lumières, un soupçon grandissant atteint le discours – celui de l’amour comme de la littérature o...