L'idée de nation: du postulat de Marcel Mauss à la question actuelle des identités nationales et culturelles

International audienceMarcel Mauss' concept of nation is compared with current questions of national and cultural identity in Europe, from case studies in political contemporary history: building of Southeast European nations and current status of immigrants in Western Europe, with particular reference to France. Marcel Mauss considered the nation as society par excellence, the kind of higher social organisation reached first by the Europeans. This pattern is no long any more reliable and nation like civilisation are no given as granted. The example of Albanian nation-building shows that independence doesn't coincide necessarily with the people area which could claim. On the other hand, if identity construction is realised through cultural traits, motivations less noble than national pride could push to self-legitimisation in other circumstances. The example of French-Algerian identity splitting shows the difficulty to put together social values of different origins. Finally, the concepts of nation, nationalism and citizenship should be interpreted as identity constructions rather than in a political and legal meaning. It is then important to conciliate historical, socio-political and anthropological approaches of interethnic relationships and cross-cultural values.Le concept de nation chez Marcel Mauss est confrontée à la question actuelle des identités nationales et culturelles en Europe, à partir d'études de cas de l'histoire politique contemporaine, aussi différents l'un de l'autre que la formation des nations balkaniques, au tournant du dernier siècle, et la situation des immigrés en France ou des migrants en Europe. Marcel Mauss voyait dans la nation la société par excellence, le type d'organisation sociale supérieure auquel les Européens ont accédé les premiers. Ce modèle a depuis subi bien des aléas, et la nation, pas plus que la civilisation, ne s'imposent à l'historien. L'exemple du mouvement national Albanais, pris entre la répression ottomane et les ambitions territoriales des états balkaniques et sans grand appui extérieur, montre que l'indépendance ne coïncide pas forcément avec l'aire de peuplement qui pourrait y prétendre. En revanche, si la construction identitaire se cristallise autour de traits culturels, on ne doit pas oublier des motivations moins nobles de l'ordre de l'orgueil poussant à s'auto-légitimer en toute circonstance. L'exemple du dédoublement identitaire des Franco-Algériens montre la difficulté de mettre en cohérence des valeurs d'origines différentes. Finalement, les concepts de 'nation', 'nationalisme' et 'citoyenneté' doivent être appréhendés autant comme des constructions identitaires que politiques et juridiques. Il importe donc de concilier les approches historique, sociopolitique et anthropologique de l'idée de nation et essayer de comprendre la construction des identités, des relations interethniques et des valeurs interculturelles dans le monde actuel, que ce soit en Europe, en ex-Yougoslavie ou au Maghreb, qui ne soient pas forcément basés sur des critères 'nationaux'