Cet article se propose de revenir sur ce qui constitue l’un des apports sans doute majeurs de Baudelaire à la pensée de l’art moderne : la promotion d’une théorie du présent, qui ne va pas sans une reconfiguration du temps - notamment dans la référence au passé et à la tradition - ni sans une réflexion sur la mémoire. L’exemple de Constantin Guys, peintre du présent, de l’instantané et du fugitif, conduit Baudelaire à réévaluer le statut même de l’artiste et à requalifier les données de l’art. Il prend part à la mesure de la force de dislocation du présent. Mais trop conscient des risques d’éparpillement et d’aveuglement qu’il comporte, Baudelaire s’attache à mettre à distance et à “amortir” les ondes du choc (Benjamin) du moderne