Danses culturelles et politique de la culture dans le Kenya contemporain : les cas de Isukuti et de Gonda (Régions de l'Ouest et de la côte)

Cette thèse de doctorat porte sur la constitution du patrimoine dansé au Kenya contemporain. L'auteur examine le contenu et le statut des pratiques sociales et politiques regroupées sous le terme de danses culturelles du Kenya et analyse les variations de cet ensemble patrimonial à travers une enquête multi-située. L'enquête se concentre sur l'identification des processus patrimoniaux au niveau local, tout en essayant de comprendre la relation que ces procédures empiriques entretiennent avec les débats identitaires présents dans le pays depuis son indépendance (1963) jusqu'à ce jour. En cela, l'auteur s'appuie sur une analyse comparative de deux danses originaires de deux régions du pays. Le premier est la danse isukuti du groupe ethnique Luhya qui vivent à Kakamega, dans l'ouest du Kenya. La seconde est la danse gonda appartenant au groupe ethnique Giriama qui vivent sur la côte kenyane. Indépendamment des variations entre elles, toutes les danses culturelles du Kenya partagent les caractéristiques suivantes: leur ancrage dans les structures sociopolitiques à travers le temps et l'espace, leur caractère dynamique, malléabilité et perméabilité. Ce sont ces caractéristiques qui en font le médium de choix pour la performance des cultures et, par conséquent, une excellente plateforme pour la lecture des relations que les Kenyans entretiennent avec la notion et la nature de la culture. Comment les Kenyans définissent-ils et interprètent-ils leurs identités contemporaines? Quelle est le rôle de la danse dans ces processus parfois ambigus de création d'identité? Quels sont les principaux facteurs socio-économiques qui ont entraîné un intérêt accru pour la culture au Kenya contemporain? Comment cet intérêt accru influence-t-il les pratiques et les répertoires dansés?This doctoral thesis focuses on the constitution of dance heritage in contemporary Kenya. The author examines the content and the status of social and political practices grouped under the term cultural dances of Kenya and analyzes variations of this heritage aggregate through a multi-situated inquiry. The inquiry focuses on identifying heritage-making processes at a local level, while trying to understand the relationship these empirical procedures maintain with identity debates present in the country since its Independence (1963) up to date. In this, the author relies primarily on a comparative analysis of two case studies - two dances originating from two regions of the country. The first is isukuti dance from the Isukha and Idakho sub-groups of the Luhya ethnic community who live in Kakamega County in Western Kenya. The second is gonda dance from the Giriama ethnic community who live in Coastal Kenya. The author argues that irrespective of the variations between them, all of the cultural dances of Kenya share the following characteristics: their embeddedness into the sociopolitical structures across time and space, their dynamic character, malleability and permeability. These are the traits that make them the medium of choice for the performance of culture(s) and, consequently, an excellent platform for reading the relationship Kenyans maintain with the very notion and nature of culture. How do Kenyans define and perform their contemporary identities? How significant is the role of dance in these at times ambiguous processes of identity creation? What are the principal socio-economic factors that resulted in an increased interest in culture in contemporary Kenya? How does this heightened interest influence the dance practices and repertoires