Make use of pain : mourning landscapes in contemporary art

Élaborée à partir des problématiques posées par une pratique artistique personnelle, et conçue comme un prolongement des réflexions mobilisées par des œuvres d’artistes contemporains, cette recherche étudie la transformation d’un deuil historique en expérience partageable. Plus précisément, ce mémoire de thèse examine le paysage comme genre susceptible de contenir et de transfigurer les douleurs qui survivent dans le monde aujourd’hui. En s’intéressant au contexte géopolitique du Proche-Orient, cette recherche prend acte du fait que les espaces qui ont connu des moments de déchainement de violence sont habités par une douleur profonde. Comme un endeuillé, ces espaces montrent des symptômes de tristesse et luttent pour la conservation de la mémoire blessée par la perte. Dans cette relation entretenue entre le paysage et la douleur une usure se produit. « Faire usage de la douleur » ne signifierait donc plus une utilité mais un travail dans lequel douleur et paysage « s’usent mutuellement ». Trois lieux de cet usage seront alors examinés. Le premier est l’usage dans la pauvreté où la relation au paysage est fondamentalement une relation avec un inappropriable. Le deuxième est un usage dans la voix attristée qui, se soulevant en réaction à la perte, fonde des paysages ruinés dans la plainte. Le dernier lieu de l’usure est la vie du paysage où les processus vitaux sont susceptibles d’être traversés et habités par la douleur. En mettant l’étude des facteurs anthropologiques, psychologiques, religieux et politiques au service d’une réflexion sur les enjeux et les moyens objectifs activés par l’art, l’objectif est de réfléchir à la manière par laquelle un paysage garantit la pérennité d’un sujet humain encore capable de s’endeuiller.Elaborated through problems brought forward by my artistic practice, and conceived as an expansion of the reflections mobilized by the works of contemporary artists, this research studies the transformation of a historical mourning into a shareable experience. More specifically, this work examines landscape as a genre capable of containing and transfiguring the pain that survives in the world today. By focusing on the geopolitical context of the Middle East, this research acknowledges that spaces that have experienced moments of violence are inhabited by deep pain. Like a bereaved person, these lands show symptoms of sadness and struggle to preserve the memory wounded by loss. In this relationship between landscape and pain, a wear and tear occurs. "Making use of pain" would therefore no longer mean a utility but a work in which pain and landscape "wear each other down". Three places of mourning will then be examined. The first is poverty where the relation to landscape is fundamentally a relationship with an inappropriable. The second is the saddened voice which, rising in reaction to loss, creates ruined landscapes through lament and complaint. The third is the life of landscape where vital processes are likely to be crossed and inhabited by grief. By putting the study of anthropological, psychological, religious and political factors at the service of a reflection on the means activated by art, the aim of this research is to think about the ways in which a landscape ensures the survival of a human subject still capable of mourning