Paris, terre d'aventures ; La construction d'un espace exotique dans les récits de mystères urbains

Né d'une volonté de représenter la ville moderne, espace exotique et quelque peu effrayant qu'Eugène Sue décrira comme l'équivalent, dans nos contrées, de l'Amérique sauvage de Fenimore Cooper, le récit de " mystères urbains " est rapidement devenu un genre à succès, à tel point qu'il a dominé tout le roman-feuilleton au XIXe siècle. Alors qu'il était né d'un souci de peindre les transformations de la ville et qu'il pouvait être lu chez Eugène Sue, Paul Féval ou, en Grande-Bretagne, G. W. M. Reynolds comme une métaphore des tensions sociales, au fil des imitations par les feuilletonistes professionnels (Gutave Aimard, Ponson du Terrail, Pierre Zaccone...) le mystère urbain est très vite entré dans une logique sérielle, avec ses marqueurs architextuels, ses intertextes privilégiés et ses stéréotypes. Pourtant, les auteurs n'ont jamais cessé d'affirmer son rôle de dévoilement d'une réalité cachée et monstrueuse, dans une tension constante entre vraisemblances architextuelle et réaliste. Or, les structures narratives et les motifs d'un sens caché sont révélateurs des tensions entre logique référentielle et logique sérielle, illustrant les problèmes posées par la représentation du monde dans la littérature populaire