Jarnac et Moncontour (1569): engager les soldats au service de Dieu et de l'Église

Within the context of the multiform struggle against the enemies of the Church during the pontificate of Pius V (1566-1572), the question of the warlike values of the nobility, in charge of the conduct of military operations against infidels and heretics all over Christendom, becomes a fundamental issue. Hence a necessary reformation of the armies and, above all, of their commanding officers (as reform was traditionally associated with the crusades) in the spirit of the Post-Trent ideal. As the pope was sending in France a military corps to sustain Charles IX's third war against the Protestants, a first experiment of religious supervision of the papal troupes was assigned to a small group of Jesuit chaplains and a handbook of the Christian Soldier was written for this opportunity by the Jesuit Possevino. However, this Counter-Reform model of war, experimented at first in 1569, had a universal goal. It was not only aimed at obtaining a " disciplinarization " of the catholic armies as more generally discernible in the Counter-Reform framework. It was intended to transform the chivalrous prototype of the noble soldier into an ethic of the service of God, the culture of a the " miles christianus ", and associated with a purpose of military efficiency : the victory was, in fact, a gift of God to those who embrace this crusade and its reformed spirit. The victory of Moncontour, celebrated in Rome with great enthusiasm, took place in this perspective.Dans l'optique de la lutte multiforme contre les ennemis de l'Église sous Pie V (1566-1572), la question des valeurs de guerre de la noblesse, associée, à l'échelle de la Chrétienté, à la conduite des opérations contre les infidèles et les hérétiques, se pose avec une acuité particulière. La réforme nécessaire des armées, de la soldatesque et surtout des nobles qui la commandent - une réforme qui traditionnellement doit accompagner les entreprises de croisade - est conçue alors dans la perspective de la diffusion de l'idéal tridentin. A l'occasion de l'envoi d'un contingent pontifical en France pour appuyer Charles IX dans sa lutte contre les protestants pendant la troisième de guerre religion, une première expérience d'encadrement religieux des troupes, le contingent pontifical, est confiée à une aumônerie jésuite et un manuel du soldat chrétien est composé, pour cette occasion, par le jésuite Antonio Possevino. Mais ce modèle contre-réformé de la guerre, testé une première fois en 1569, a une vocation universelle. Il ne s'agit pas seulement de réformer capitaines et soldats dans l'optique d'une disciplinarisation, perceptible dans bien d'autres domaines de la Réforme catholique. Il s'agit de discipliner et de transformer l'archétype du chevalier en quête de gloire en une éthique du service de Dieu, celle du " miles christianus ", dans un but d'efficacité militaire. L'application de ce modèle doit permettre d'obtenir la victoire sur le champ de bataille, la destruction des ennemis de l'Église provenant d'un don de Dieu à ceux qui embrassent la croisade et la réformation qu'elle induit. La victoire obtenue à Moncontour, célébrée à Rome avec enthousiasme, s'inscrit dans cette perspective belliqueuse