Re-vivre ou vivre autrement dans les territoires ruraux : pour un dépassement de la valeur économique du patrimoine

National audienceThis article synthesizes the result of several research programs carried out on the mobilization of the cultural resources in the territorial development processes. The patrimonial dimension of these resources questions us in what it makes emerge devices of action that allowed reinforcing the competitiveness of the territory, through the processes of specification. However, the mobilization of the patrimonial resources posts a paradox: it is carried out most of the time in spaces in crisis whereas it leads only seldom to be brought up to scratch of the local economy. To exceed these problems, we imagined a "hidden" dimension of the heritage which would carry in it the true significance of living in a territory. In the strong setting in front of the heritage in the territories of project, indeed we note a going beyond of its economic dimension to the profit of the social one and the cultural one. To live of heritage would thus include the positive gathering of the economic, social and cultural dimensions which, when they are regarded as irreconcilable with the complex reality of the dynamic territorial, gives a direction to the action: the one of a durable existence in a geographical space.Dans un contexte de mobilisation croissante de la culture dans la construction des territoires, l'observation des procédures de développement rural (leader, PER), met en évidence une place croissante du patrimoine. Deux propositions émergent souvent : soit la culture est une sphère englobante du patrimoine, un mode de matérialisation du lien entre le groupe social et le territoire, et donc un élément de différenciation ; soit elle est constituée d'un ensemble d'activités culturelles et artistiques dont le patrimoine s'agence indépendamment comme composante et dont la relation varie en fonction du lieu et du temps. Aussi, et bien que l'émergence de la ressource patrimoniale dans le développement local puisse le positionner comme produit, voire parfois comme alibi, nous nous intéresserons plutôt à lui en tant que ressource. La manière dont il peut être mobilisé par les acteurs du développement nous conforte dans cette approche, puisqu'elle reflète le plus souvent une réelle volonté de territorialisation. En ce sens, nous pensons que la ressource patrimoniale peut concourir à la construction des moyens d'action permettant de renforcer la compétitivité du territoire, au travers des processus de spécification qu'elle accompagne. Le corpus mobilisé est constitué de notre participation au programme de recherche mené par la DIACT autour des Pôles d'Excellence Rurale (PER) qui rassemble une dizaine d'équipes universitaires, ainsi que d'une étude en collaboration avec le cluster de recherche rhône-alpin n°9 (Qualité des Plantes, Agriculture, Acteurs et Territoires), la DRAAF-Rhône-Alpes, l'Université Lyon 2 et le CERMOSEM, sur l'événementiel agriculturel en Rhône-Alpes. Il repose sur un total de 343 dossiers de Pôles d'Excellence Rurale, ainsi que de l'analyse plus fine des 50 dossiers sélectionnés en Rhône-Alpes, dont 5 projets ont fait l'objet d'entretiens ciblés. De plus, le référencement de 421 fêtes agriculturelles, dont une trentaine ont fait l'objet d'entretien, permet de mettre en parallèle le patrimoine dans sa fonction de levier pour le développement avec d'autres ressources territorialisées. De cette association ressort un rôle évident de marqueur territorial jouant dans la touristification des espaces de références, mais aussi dans une large dimension socioculturelle qui interroge le paradoxe existant dans la mobilisation des ressources patrimoniales : cette mobilisation s'effectue la plupart du temps dans des espaces en crise alors qu'elle ne débouche que rarement sur une remise à niveau de l'économie locale. Les espaces résidentiels (" tiers espaces " particulièrement) étant souvent supports d'une mobilisation symbolique de " petits objets patrimoniaux ", entre expression du local et volonté de ré-ancrage territorial. Cette double lecture par le territoire, en tant que localité et en tant que référence pour l'action, annonce-t-elle une adaptation à la mondialisation ? La construction d'autres modèles de développement ? Comment le patrimoine et la culture deviennent-ils des ressources pour le développement ? Quelles logiques de développement cela révèle-t-il ? Comment les réponses préalables peuvent-elles nourrir les réflexions sur la dynamique territoriale ? En définitive, le patrimoine-ressource est-il un opérateur privilégié des mutations culturelles à l'œuvre dans nos sociétés rurales ? Pour dépasser cette problématique, nous mettons en avant l'hypothèse d'une " dimension cachée " du patrimoine qui porterait en elle la véritable signification de vivre dans un territoire. Cependant, la question des transversalités entre compétitivité et développement local, territorial et durable reste en suspens. Quelle relation entre culture et développement dans l'espace rural ? Peut-on poser la question de la rentabilité du patrimoine en des termes autres qu'économiques ? Ce qui fait patrimoine dépasse-t-il nécessairement le culturel, le débat indispensable à la construction d'un bien commun ? Et, in fine, comment être compétitif et soutenable à la fois ? Pour faire état des mutations en cours, nous proposerons de traiter des permanences de la mobilisation des patrimoines dans un contexte de territorialisation exacerbée. L'analyse du corpus proposera un mode de lecture empirique de ces mutations. Puis nous avancerons le projet patrimonial de territoire comme lieu d'articulation entre durabilité et compétitivité en livrant les résultats d'un corpus ayant permis de définir des modalités innovantes de mobilisation des ressources patrimoniales. Nous proposerons finalement une mise en parallèle des finalités marchandes et non-marchandes pour imaginer que leur rapport dialogique permettrait de dépasser la valeur économique du patrimoine