Jahāngīr et son frère Šāh 'Abbās : compétition et circulation entre deux puissances de l'Asie musulmane de la première modernité

International audienceSince the time of Bābur, the Safavids--rather than the Ottomans or the Uzbeks--were the dynasty with which the Mughals were the most closely connected. Right from the beginning, this relationship went side by side with a strong territorial and ideological rivalry. Competition with the Mughals thus played an important role in the new ideological formulas elaborated during the reign of Shāh 'Abbās (1587-1629). Whatever the intensity of this rivalry, it never acted as an impediment to the circulation of goods, people, or ideas between the two poles. As a matter of fact, the migration of Iranian elites into Mughal India crucially informed the shaping of Mughal culture and state. This was especially the case under Jahāngīr (1605-1627) whose reign is generally associated with Iranian administrative hegemony. While the iranophily of the "world conqueror" has often been deemed a sign of political weakness, it is here examined under a new light.Depuis l'époque de Bābur (r. 1526-1530), c'est avec les Safavides, bien plutôt qu'avec les Ottomans ou les Uzbeks, que les Moghols entretinrent les rapports les plus étroits et les plus suivis. Dès ses débuts, cette relation fut cependant marquée par une forte rivalité territoriale et idéologique. Il apparaît notamment que le sentiment de compétition face aux Moghols joua un rôle non négligeable dans les nouvelles formulations idéologiques qui virent le jour durant le règne de Shāh 'Abbās (r. 1587-1629). Quelle qu'ait été l'intensité de cette rivalité entre Safavides et Moghols, elle n'entrava jamais durablement la circulation des biens, des hommes ou des idées entre ces deux pôles. De fait, l'immigration -- temporaire ou définitive -- des élites iraniennes en Inde moghole fut un phénomène de grande ampleur qui joua en outre un rôle considérable dans la formation de la culture et de l'Etat moghols. Ce fut particulièrement le cas durant le règne de Jahāngīr (r. 1605-1627) auquel est généralement associée la prédominance des Iraniens dans l'appareil d'Etat : trop souvent considérée comme la marque d'un souverain sous influence, l'iranophilie du " conquérant du monde " est ici l'objet d'une réévaluation globale