La donnée géographique comme objet-frontière cognitif et collaboratif.

National audienceLa démocratisation des technologies de l'information géographique au Nord, s'accompagne aujourd'hui d'un développement croissant de communautés de pratique. Ces dernières réunissent des acteurs professionnels d'origines diverses et visent principalement à partager, harmoniser et coproduire des représentations spatiales. La donnée géographique apparaît alors comme un support de coordination essentiel pour des acteurs intervenant sur un même territoire. Cependant, la pertinence des productions collectives qui en découlent peut être interrogée au regard des usages individuels effectifs. Nos observations et analyses rejoignent alors les travaux que Michel de Certeau proposait, il y a trente ans sur les " arts de faire ", cette " invention du quotidien " accomplie par l'individu qui " braconne " dans les savoirs et développe des pratiques originales, des bricolages individuels. Les représentations spatiales issues de ces constructions collectives et numériques ne deviennent, qu'en de rares occasions, des objets-frontières cognitifs et collaboratifs. Un objet-frontière est un artefact de connaissance qui permet le dialogue entre cultures métier différentes. Il est dit cognitif et collaboratif lorsqu'il permet de partager et de faire évoluer collectivement les savoirs et les savoir-faire. Cet exposé a pour objectif, à partir d'études de cas, de faire émerger ces différents concepts afin d'envisager quelques leviers d'action pour la conception de processus de médiation visant à la co-construction des représentations spatiales. Il présentera en particulier l'approche exploratoire par consensus différencié qui vise à dépasser les logiques de compromis. Enfin, un élargissement du périmètre d'étude permettra de proposer quelques perspectives de recherche et de s'interroger sur la complémentarité des approches d'Ici (cartographie 2 .0) et d'Ailleurs (cartographie critique). In fine, cette intervention vise à mettre en évidence que les représentations spatiales issues des technologies de l'information géographique sont aujourd'hui utiles et pertinentes à analyser, davantage sous l'angle de leur processus de production collectif, que comme les résultats finis de ces processus