Organisation temporelle de la parole dans la maladie d'Alzheimer : évolution des variables temporelles en fonction du stade de démence

International audienceLa présente étude a pour objectif de décrire une méthode d'analyse permettant de quantifier le déficit en parole dans le cadre de la maladie d'Alzheimer. Cette méthode s'appuie sur l'analyse de corpus de parole spontanée recueillis auprès de 30 patients présentant différents stades de démence (10 patients au stade léger, 10 au stade modéré et 10 au stade avancé de la pathologie) et de 30 sujets sains appariés en âge, sexe et niveau socioculturel. Les sujets ont été enregistrés lors d'une tâche de narration semi guidée (e.g. " Parlez-moi du plus beau jour de votre vie " ; " Racontez-moi votre pire souvenir"...). Les données acoustiques ont donnée lieu à différentes mesures reflétant les caractéristiques physiques de la parole. Cinq variables ont été retenues pour qualifier l'organisation temporelle de la parole dans le contexte du vieillissement cognitif normal et pathologique : (1) TP (Taux de Parole) = Nombre de Mots Total (Transcript-L) Temps de Parole Total (TPT) (2) TPhN (Taux de Phonation Normalisé) = arc sin (√TPh) où TPh (Temps de Phonation) = TPh (Temps de parole pauses exclues) TPT (Temps de Parole Total pauses inclues) Nota Bene : Selon van Dongen et al., (1994), ce calcul permet d'obtenir, pour chaque sujet, une distribution normale. (3) DMP (Durée Moyenne des Pauses) = Temps de Pause Total (T-Pause) Nombre de Pauses (N-Pause) Nota Bene : Les pauses sont ici définies comme des silences de plus de 1 seconde. (4) TPhS (Taux de Phonation Standardisé) = (Transcript-L) TPh Correspond au nombre de mots par minute de parole hors temps de pause (5) TPS (Taux de Pause Standardisé) = (Transcript-L) (Pause-N) Correspond au nombre moyen de mots produits par temps de pause Nous montrons d'une part les différences mesurées au niveau de ces différentes variables entre population saine et population pathologique. Nous présentons d'autre part l'évolution de ces différents paramètres au cours de la maladie. Enfin, à la lumière de ces résultats, nous discutons l'apport des études de phonétique clinique relative à la dégradation des unités de bas niveaux dans le cadre de la maladie d'Alzheimer, pathologie où la sphère phonético-phonologique est souvent décrite comme particulièrement résistante. Il semble en effet que les effets délétères observés au niveau de l'organisation temporelle de la parole des patients envahissent rapidement la dimension pragmatique lésant par là même les habiletés communicationnelles des patients