Emprise de la gestion et violence symbolique

Traduit de "Predomínio da Gestão e violência simbólica". Revista Brasileira de Saúde Ocupacional, vol. 37, n° 126, 2012, pp. 225-242After two decades of rise of neo-liberalism, the degradation of working conditions has been criticized by many observers: some speak of "workplace violence", focusing on the socio-political dimensions and socio-economic structuring the universe of work. This article is in this perspective and makes it more particular account of the role of managerial dynamics in the exercise of violence at work. The article is based on two emblematical situations of work : the call centers and the implementation of a "total" managerial device , the Balanced Scorecard, in a multinational company. It shows that the managerial violence can be observed at three interconnected levels. At the first level, this violence is the result of macro-political transformations that make overwhelming the introduction and the renewal of managerial devices. At a second level, the violence comes from the way managers locally implement theses devices. Finally, a third level, symbolic violence occurs behind the practices of the different categories of actors. The overlap between these levels leads to a majority of players to adopt an attitude of resignation: it would not be possible to empower management. Such a finding can better target the location and mode of action out of the workplace violence.Après deux décennies de montée en puissance du néo-libéralisme, la dégradation des conditions de travail est dénoncée par de nombreux observateurs : certains parlent de " violence au travail ", en mettant l'accent sur les dimensions sociopolitiques et socio-économiques structurant les univers professionnels. Cet article s'inscrit dans cette perspective et rend plus particulièrement compte du rôle que joue la dynamique de gestionnarisation dans l'exercice de la violence au travail. L'article s'appuie sur deux situations emblématiques : le travail dans les Centres d'appels et la mise en œuvre d'un dispositif de gestion " total ", le Balanced Scorecard dans une multinationale. Il montre que les violences liées au fait gestionnaire se manifestent sur trois niveaux articulés. A un premier niveau, cette violence résulte des transformations macro-politiques qui rendent incontournables l'introduction et le renouvellement des dispositifs de gestion. A un deuxième niveau, la violence s'exerce autour de la mise en œuvre des dispositifs gestionnaires. Enfin, à un troisième niveau, se manifeste une violence symbolique qui sous-tend les pratiques des différentes catégories d'acteur. L'imbrication entre ces niveaux amène une majorité d'acteurs à adopter une attitude de résignation : il ne serait pas possible de s'émanciper de la gestion. Un tel constat permet de mieux cibler le lieu et le mode d'action pour sortir de la violence au travail