La Responsabilité sociale des entreprises : une médaille à deux faces.: Etude de cas sur les modes d'appropriation du 'développement durable' et de l''inclusion' par les entreprises.

La Responsabilité Sociale des entreprises (RSE) s'inscrit aujourd'hui pleinement dans les discours internationaux du développement durable et de l'inclusion sociale. C'est notamment depuis la conférence de Rio en 1992 et l'attention accordée par l'Union européenne aux questions de cohésion sociale que le nombre de projets RSE, mettant l'accent sur ces deux concepts-clés du développement, s'est multiplié dans le monde. Surtout la RSE sous forme de projets territoriaux ('community development' dans le monde anglophone) est considérée comme porteur d'espoir pour les pays pauvres à gouvernements dits "faibles". En effet, dans bien de pays des Suds, les entreprises se sont introduites en tant que troisième acteur dans le domaine du développement et de l'aménagement, à coté de l'Etat et les ONGs. Sont-elles des acteurs compétents et efficaces en matière du développement durable et inclusif pour autant? L'étude de cas de projets RSE (à l'Ile Maurice et autres pays africains) met en lumière l'écart entre intentions déclarées et résultats. L'analyse portera notamment sur la mise en œuvre des projets reprenant les discours globaux dominants. Celle-ci s'appuie sur deux autres concepts phares du développement : la participation et la capacitation (empowerment) de la société civile. C'est à travers la dépolitisation de ces concepts, désignant, dans leur acceptation d'origine, la transformation sociale des rapports de pouvoir, que ces projets RSE alimentent parfaitement le projet occidental de la modernité/modernisation. Facilitant, sur une durée déterminée, l'intégration sélective de certains groupes sociaux et espaces dans leurs activités économiques, la RSE des entreprises se limite dans bien des cas au seul déplacement des frontières spatio-temporelles des fractures sociales et spatiales qu'elles ont créées