Du montage d'un projet à sa réalisation : des ingénieries différenciées comme condition d'accès au développement durable ?

Cet article s'insère dans un ouvrage dont le but est de saisir les contributions réelles et potentielles de l'ingénierie territoriale à l'accès au développement durable, et plus spécifiquement de mettre en avant les apports de chacun des acteurs qui composent le monde du développement territorial à cet objectif essentiel. Contrairement à la méthode usuelle qui consiste à suivre des acteurs (des élus, des fonctionnaires territoriaux, des consultants, etc.) sur un terrain donné pour qualifier et mesurer les résultats de leur activité, la tentative part ici des résultats, en l'espèce des dossiers de candidature et des projets réalisés en réponse à un dispositif d'appel d'offres, pour voir si l'on peut retrouver l'influence des acteurs. L'étude met en évidence la différence entre les compétences supposées par d'une part la phase de candidature et d'autre part la phase de réalisation. S'il importe dans les deux cas de maîtriser une palette d'ingénieries différenciées, ce ne sont pas les mêmes. Alors qu'il s'agit dans le premier cas de maîtriser la lisibilité, l'argumentation, l'appui au projet par des diagnostics territoriaux, etc., il s'agit dans le second de gérer les impératifs juridiques, les aléas d'un chantier, d'assurer la continuité d'une gouvernance, etc. Face à cette différence d'impératifs apparaissent également les limites de la procédure d'appel d'offres et de la philosophie de l'excellence. Outre la question de savoir si ces innovations correspondent à une rupture durable ou à une originalité ponctuelle, on peut s'interroger sur les modes de gestion à adopter en matière de politiques publiques pour les prolonger dans la phase de réalisation aussi bien que celle de candidature