Amour sacré, amour profane : sainte Cécile et les femmes musiciennes dans la peinture du XVIIe siècle

National audienceSainte Cécile, patronne des musiciens mais aussi des faiseurs d'instruments de musique, a suscité une iconographie nombreuse et fort diverses selon les époques. Le culte de cette martyre romaine est mis par Jacques de Voragine en rapport avec l'étymologie de son prénom qu'il met en relation avec une divinité païenne déesse des femmes, caractérisée par sa charité, par la fécondité et par la guérison des maladies des yeux. Jusqu'à la fin du Moyen Âge, les images la montre donc prêchant les païens, au milieu des flammes. La sainte commence vers 1300 à être représentée tenant un orgue portatif, justifiant son nouveau rôle de protectrice des musiciens. L'orgue permet d'implorer le ciel et de servir d'intermédiaire avec lui. Mais le célèbre tableau de Raphaël (1515) marque une nouvelle rupture : l'orgue et les instruments de musique qui sont disposés au sol sont tous brisés tandis que la sainte semble piétiner ces emblèmes de l'amour vulgaire, attirée qu'elle est par l'amour divin symbolisé par un chœur d'anges célestes. Le modèle de Raphaël eut une descendance considérable. Sainte Cécile à l'orgue entourée d'un ou de plusieurs anges prit parfois la forme d'une scène intime où elle joue d'autres instruments domestiques à cordes et à clavier et où l'ange devient protecteur et parfois presque amant. Après la redécouverte de ses reliques en 1599, un autre thème apparaît : la sainte porte alors le turban qui entourait son visage, ce qui la rapproche d'une figure de Sybille. Elle lève les yeux au ciel et joue souvent d'un violon, d'une viole voire d'un violoncelle. Fort séduisante, sa forte sensualité l'éloigne fortement du symbole de chasteté et de pureté qu'elle est censée incarner. L'amour sacré s'incarne ainsi dans des figures féminines franchement profanes. Mais la contemplation de la beauté peut bien sûr aussi signifier la contemplation de Dieu comme l'indiquent certains textes théologiques