L'attachement au territoire des gens du voyage : dépasser le dualisme entre enracinement et nomadité

Les populations itinérantes sont à la fois étudiées et marginalisées à travers le monde. En France, les populations tsiganes, présentes depuis plusieurs siècles et installés sur une diversité de territoires, sont largement décriées et stigmatisées. L’oscillation entre fascination et rejet à leur encontre construit la base du rapport que la société sédentaire entretient avec eux, occultant la grande complexité qui structure l’ensemble de ces populations et leur rapport au territoire. Ce travail propose d’introduire la notion d’attachement au lieu et ainsi remettre en question l’opposition entre nomadisme et sédentarité, sur laquelle se construit l’imaginaire populaire. Il s’agit de se demander si les gens du voyage s’attachent aux lieux qu’ils traversent et qu’ils habitent et en quoi l’attachement s’exprime dans ce territoire. Au-delà de proposer une vision plus nuancée et réaliste des voyageurs sur le territoire européen et français, ce travail souhaite envisager une coexistence apaisée fondée sur un dialogue. Il s’agirait, en effet, de considérer les relations entre sédentaires et voyageurs comme structurantes dans la construction de la société et de son territoire