Défendre le chant, défendre l'Église : l'apologétique jésuite et la question musicale en France (fin du XVIe - début du XVIIe siècle)

International audienceDans le processus de cristallisation des identités confessionnelles dans la France du début du XVIIe siècle, la musique véhiculait des connotations trop mêlées pour être traitée par les apologistes catholiques de façon univoque, telle une entité abstraite et indivisible. Pour cette raison, des jésuites tels que Pierre Coton ("Institution catholique", 1610) et Michel Coyssard ("Traicté du profit que toute personne tire de chanter en la doctrine chrestienne", 1608) développèrent des argumentations contrastées en la matière. Leurs ouvrages soulignent en effet certaines propriétés "catholiques" du recours à la musique figurée et au cantus durant le service divin, autant qu'ils neutralisent la définition du chant en langue vernaculaire pour mieux en légitimer l'usage dans le cadre des activités missionnaires des membres de la Compagnie. Hormis la mise à jour du caractère paradoxal de ces textes explicitement ou implicitement apologétiques, cet article propose une prise en compte, dans une perspective transhistorique, de la nature incertaine et fragile de la mobilisation de la musique par l'apologétique moderne et contemporaine